« Ceci n'est pas arrivé. »
briseis
Et si on effaçait tout ?
J'me présente, je m'appelle Joséphine. Et toi, tu t'appelles ... Oh, on s'en fout. Je sais, t'es plus âgé mais à vrai dire, tu me plais bien avec ton air idiot et tes manières de raconter n'importe quoi. Et puis je sais que j'te plais aussi, parce que je te vois me regarder, faire des grimaces et rigoler. Alors, on recommence ? Tu veux réessayer, de glisser tes doigts dans mes cheveux, de me prendre par les hanches et d'embrasser le bout de mon nez ? On fait ça bien, cette fois. Allez vient, l'orchestre joue à la salle des fêtes, on l'entend. Tu veux danser ? Enlacés, on tourne en rond, l'un contre l'autre, et tu me serres très fort. Non, c'est pas un souvenir. On vient de se rencontrer ! Après, on ira s'embrasser un peu plus loin, dans une cabane un peu lugubre avec des araignée que tu vas massacrer d'un coup de botte. Je te jure ! Mais cette fois, tu ne me lâche pas, okay ? C'est pas du jeu. Cette on fait ça bien, on a dit. Cette fois tu dis que tu m'aimes, et tu ne parles absolument pas de ta petite amie. D'accord ? Allez viens, serre moi dans tes bras, encore un peu. Tu dois partir, je sais, je sais. Mais reste encore. J'entends ton cœur qui bat - c'est qu'il doit battre fort, non ? Dis, c'est moi qui le fait battre, comme ça ? J'adore quand tu me regardes comme ça. Je sais que je ne te l'ai jamais dis, enfin ! On vient de se rencontrer. Tu ne m'as jamais fait souffrir, je ne t'ai jamais insulté, non non. T'inquiète pas, tout va bien se passer. Parce qu'on recommence tout. Je te prends la main, ne la laisse pas glisser. Je pourrais croire que tout ce que tu veux, c'est m'abandonner là. Alors que ton souffle brulant sur mon cou, il veut surtout dire que tu veux m'emmener loin, pas vrai ? Loin d'ici, loin d'avant, et comme ça, on pourra faire les choses bien. Allez viens, on descend en courant, on se casse la gueule et on roule ensemble, on se fait mal et on rit, parce qu'on s'embrasse et que pour la première fois, tout le monde nous voit. Mais on s'en fout ! Parce qu'on recommence, et qu'on va faire ça bien. On entremêle nos doigts, on bouscule les gens sans leur expliquer qu'on s'aime, et qu'ils peuvent aller voir ailleurs. Allez viens j'te dis ! Quitte-la, viens avec moi. Tu m'aimes, tu m'adores, tu l'as dit toi-même. Tu sais que je t'aime. J'aime tout ce qui fait que tu es un crétin, avec tes bras immense pour me porter et me coller contre la porte - et m'empêcher de tomber quand tu poses tes lèvres sur les miennes, parce que souvent mes jambes se dérobent, et je tombe. Je tombe littéralement, alors tu me retiens et tu m'embrasses. Et c'est comme ça. Et tu sais que tu m'aimes tout autant. Quand tu me regardes et que tu me dis de ne pas m'attacher à toi, et quand il y a des gens et que tu me frôles sans vraiment me toucher, et que je sais, je sens que ta seule envie c'est de m'étreindre. Tu le reconnais, hein ? Tu m'aimes, et je ne sais pas ce qui te retient de faire les choses correctement. Avec moi, pour de vrai. Ensemble, que les autres sachent. Oui parce qu'une relation secrète, ça n'existe pas, si ?
Salut, je m'appelle Joséphine, je sais que tu dis que tu t'en moques, mais je ne te crois pas. Peut-être que j'y croirais quand tu arrêteras de m'attendre, l'air de rien, pour pouvoir me voir quand je rentre chez moi. Quand tu arrêteras de répondre aux messages que je ne t'ai pas encore envoyé. Quand tu arrêteras de faire semblant de ne pas me regarder, ou de me faire des clins d'œil. J'le vois, tu sais ? Tu peux le faire franchement maintenant. Arrête de dire que tu sors avec une autre fille. Embrasse-moi devant les autres, ils comprendront. Certains sont même au courant, pour nous, tu sais ? Et ils pensent comme moi. Tu m'aimes mais tu ne veux pas l'avouer. Rassure-toi, il ne se passera rien de mal, si du jour au lendemain, on devient un vrai couple. Alors prends ma main, et puis dis leur que tu me choisis. Tout ira bien. Tout sera parfait, je te le promets.
Allez viens, on recommence et on fait les choses bien.
Je m'appelle Joséphine, je t'aime, tu m'aimes, et faire comme si de rien n'était, ça me tue. Prends ma main et toi et moi, on sera bien. On sera heureux. Fais moi confiance. C'est tout.
Je m'appelle Joséphine, et si tu pars, on aura tous les deux le cœur brisé.
Ou alors mieux.
Cette fois, on recommence. Et on inverse tout.
Cette fois, c'est toi qui tombe éperdument amoureux de moi. Je suis un peu plus jeune, c'est vrai, mais tu me trouves craquante avec mon joli corps d'adulte, mon déhanché désinvolte, ma crinière un peu rebelle qui se balance sur mes épaules, ma manie de chanter tout le temps et de danser dans la rue, sans raison, devant tout le monde. Tu me trouves un peu folle, je sais. Mais bon, tu trouves ça mignon. Et puis cette fois, c'est moi qui te provoques. Je suis celle qui lance le jeu, pour changer un peu. La fille un peu volage qui joue avec les sentiments. Et puis tu te laisses prendre au jeu, et tu m'attends, tu me cherches, et moi je te fuis parce que c'est bien plus drôle. Tu veux m'embrasser mais moi je te dis « Alors, réessaie ! » et comme t'es devenu timide, tu t'enfuis et moi je ris. Et à la fin, c'est moi qui monte sur la pointe des pieds, pour poser sur tes lèvres le plus doux des baisers. La seconde d'après je disparais. Sinon, c'est de la triche. La semaine suivante, je te raconte que toi et moi, ça n'arrivera pas, parce que j'ai un petit ami. Mais toi, tu dis que tu t'en fous, et qu'on peut quand même prendre du bon temps. C'est pas mal, non ? Pour une fois, en rentrant à la maison, c'est toi qui t'en prends plein la gueule. C'est toi qui pleures, qui hurles, qui doutes et te demandes comment tu en es arrivé là. C'est la vie ! Que j'aurais envie de te dire. Et moi je continue. Au moment où tu crois que tu peux me lâcher, m'abandonner, arrêter de me voir comme on arrêterait d'être alcoolique, je reviens vers toi. Toujours, indubitablement. Je deviens ta drogue, et toi mon jouet. Et c'est chouette, même si à vrai dire, je commence à me demander si je ne suis pas un peu amoureuse de toi, aussi. Parce que ça me rend dingue de te voir flirter avec d'autres filles ! Je ne te l'ai jamais dit, hein ? Mais voilà. Et puis moi aussi, je flirte, je ramène mon copain, je te nargue. On s'amuse. On change la donne.
Alors, on échange les rôles ? Tu es celui qui souffres dans ton coin. Tu m'aimes, et je te le rends bien. Et puis ça tourne franchement mal ... Hein ? Parce que tu m'aimes un peu plus que tu ne le pensais, et tu finis par m'annoncer que tu t'en vas. Tu t'en vas loin parce que tu n'as pas le choix, c'est comme ça et puis c'est tout et puis en plus, rien ne te retient. Pas même moi. Et je te regarde t'enfuir, comme ça, moi aussi j'ai mal, mais tout ce que je te laisse, c'est un adieu minable, un baiser bien trop court, une étreinte distraite. On sait tous les deux que ça ne peut pas finir ainsi, et pourtant on laisse faire. Je n'ai pas la force de t'empêcher de partir, tu n'as pas l'envie de rester pour me laisser te détruire lentement. Alors voilà. On s'en va. Et je te brise le cœur. Mais je le vivrais plutôt bien, comparé à toi. Je me referais vite ...
Cette version là n'est pas meilleure, n'est-ce pas ? Et puis de toute façon, elle n'est pas très réaliste ... Je ne pourrais jamais te faire ce que tu m'as fait. C'est comme ça. On y peut rien.
Alors, on ne peut pas changer le passé. Mais on peut choisir de passer à autre chose. C'est lent, c'est douloureux, mais c'est la seule solution qui reste. On tourne la page et on va de l'avant. On fait comme si, au final, rien ne s'était passé. On essaie d'oublier, de faire semblant.
Nous ne nous sommes pas rencontrés, nous ne nous sommes pas embrassés, et nous ne nous sommes pas aimés.
Bien que ce soient trois souvenirs auxquels je tiens beaucoup.