Cecile : La folie du coup de foudre

Laurent Moreau

Il est 10h30 et j’ouvre a peine mes paupières, j’ai la tête dans l’anus et les pieds dans les chaussettes (ben oui il fait froid l’hiver, même sous la couette). Je me lève à mon rythme. Aujourd’hui c’est dimanche et j’ai plutôt rien à faire.

Il est 14 heures et je suis encore en jogging sweat trop grand et chaussettes de sport. Je ne dirais pas que c’est le summum de la classe pour une fille, mais quand on a prévu une aprem dvd avec de la glace à la noix de macadam et des petits chocolats, c’est le summum du confortable.

Mais à 15 heures le film étant nul à chier j’ai pris mon cul à deux mains et je l’ai foutu sous la douche. J’ai évité de tremper mes cheveux, sinon il frise les cons. Je me suis mis un jean slim (15 mn pour rentrer une jambe) et mon plus beau haut à pois. J’ai ensuite pris le tram et je suis allée me poser dans un café pour déguster un chocolat avec un livre ; et j’avais aussi une oreille tendue vers les potins des tables voisines.

J’étais à fond dans mon chapitre 6, celui ou bobby dit a tommy que cindy le trompe avec bryan, quand j’ai vu l’homme de ma vie. En un clin d’œil, voir moins, mon cerveau a commencé à suer ; cela au point de faire suinter mes aisselles et même, un peu, de mouiller ma culotte. J’avais l’air trop débile, moi Cécile, l’aigrie des temps modernes.

Mon cœur aurait du battre la chamade, mais ce con a commencé à jouer la macarena, j’ai voulu le calmer, il a enchainé avec mambo number 5…

Je me suis dit : calme toi ma Cécile, ça va aller, ne te retrouve pas ridicule, va lui parler… C’est exactement à ce moment là que mon chocolat a commencé à couler sur mon jean. J’avais l’air trop con avec ma bouche bée, ma tache de chocolat sur le fut et mon cœur en plein solo de grosse caisse.

Et pourtant il n’a pas fui, il a croisé mon regard et il m’a souri, il s’est ensuite entravé comme une grosse merde dans le pied d’un parasol, et il s est retrouvé le nez dans le reste de mon chocolat. Je me suis cru dans un mauvais film, ceux ou un quiproco c’est l’histoire d’une vie. Moi j’ai cru que le prince charmant venait sur un cheval, non le mien a pris le métro et c’est arrêté devant la terrasse de mon café.

Vu qu’on avait l’air de deux grosses taches, voir de trois grosses taches avec celle sur mon pantalon. Il m’a proposé de se revoir le soir avec une tenue propre et une situation moins cocasse. Moi j’ai dit d’accord, même si j’ai trouvé que le mot cocasse était complètement ridicule voir d’une autre époque.

La nuit est tombée, j’ai pu prendre une douche, j’ai mis mes affaires au sale, j’ai une culotte propre et une jupe sans tache. Je n’arête pas de penser à ce garçon. J’ai l’impression d’être raide dingue de lui. Il m’a totalement ensorcelé mais il ne faut surtout pas qu’il le sache.

En tous cas ce soir c’est restau et en tant que fille (donc vénale), c’est pas moi qui paye.

Il arrive avec une chemise repassée par sa mère, un jean troué pour faire djeuns et des chaussures pointues avec des feuilles de cannabis gravées dessous.

Il m’emmène dans un petit restau sympa et vu le menu, je sens qu’il me sort le grand jeu. Malheureusement pour moi il me rend tellement folle que je suis incapable d’aligner trois mots.

Un repas pendant lequel j’ai mangé son regard, pourtant mon assiette est restée pleine. Il va me prendre pour une anorexique. Il m’emmène ensuite dans un Bar de lover de merde, qui sent les repères des pervers à plein nez ; il prend les devants en m’offrant un martini avec une belle olive et un cure-dent.

Nous parlons de tout, mais je n’écoute rien, je suis sous le charme et je crois que lui aussi. Par contre il ne prend pas du tout les devants.

Je ne sais ce qu’il me prend, mais je me sens pousser des ailes, je vais donc glisser ma langue dans sa bouche. A mon grand soulagement, il me rend cette échange baveux avec un superbe sourire (comme puis-je savoir que ce sourire est superbe alors qu’il est caché par ma bouche J).

En un soir, je suis folle de lui. Je suis sur que c’est l’homme de ma vie et je suis prête dès ce soir à lui sortir le grand jeu.
Encore une demi-heure de bisous doux et je lui demande d’appeler un taxi. 47mn plus tard nous voila dans mon appart. Je voulais lui proposer un verre, mais en fait non … .

De la maladresse de cette après midi né un harry potter à la baguette magique. Je suis sur que ma prof de biologie de seconde serait fière de moi, j’ai analysé de fond en comble les parties de son corps humain.

Ensuite il m’a fait un bisou dans le cou et m’a laissé m’endormir dans ses bras. C’est la plus belle nuit de ma vie…

… et la pire des matinées.

Je me lève, personne dans le lit, ayant vu Hitch 224 fois, je suis persuadée que mon prince charmant va revenir avec café et croissant, pourtant il n’y a rien à part un petit mot sur la table.

« J’ai beaucoup aimé la soirée, la nuit aussi d’ailleurs. Je crois que tu es tombée amoureuse de moi (tu as crié je t’aime plusieurs fois). Je ne suis pas ce genre de garçon, je préfère donc m’en aller sans trop te faire souffrir. Bisous »

Si La Fontaine avait écrit cette nouvelle, la morale aurait été : Elle a rêvé du coup de foudre, elle n’a eu qu’un coup de foutre.

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