Céleste, le champion de la ville volante
Victor Jlln
Comme tous les soirs avant d'aller dormir, Céleste contempla depuis la fenêtre de sa chambre les lumières de sa ville, Licare. C'était une ville bien particulière, comme toutes celles aux alentours. Céleste habitait une ville qui flotte dans les airs, une ville volante. Ce soir-là, Céleste ne voyait pas grand-chose car toute la ville était dans les nuages.
Céleste entendit des pas dans l'escalier, c'était son grand-père qui montait lui souhaiter une bonne nuit. Vite, il enfila son pyjama et se mit au lit.
- « Et bien mon grand, tu ne dors pas encore ? Il est tard tu sais.
- Oui Papy, mais j'attends la réponse d'Anouk.
- Qui est Anouk ? Je ne l'ai encore jamais rencontrée.
- Oui Papy, c'est parce qu'elle habite à Noëla, une autre ville. »
Céleste amena son grand-père à la fenêtre de sa chambre pour lui montrer Noëla.
- « Tu vois Papy, c'est la ville sous les nuages.
- Attends il faut que je mette mes lunettes. Ah oui, j'aperçois Noëla. Mais dis-donc, cette ville est bien loin. Comment as-tu rencontré Anouk ? Comment faites-vous pour communiquer malgré la distance ? »
Céleste lui expliqua l'histoire de sa rencontre avec Anouk. Cette histoire, il lui avait déjà raconté des dizaines de fois, mais son grand père perdait un peu la mémoire. Céleste n'en avait que faire, il aimait raconter cette histoire. Il appréciait par-dessus tout le sourire bienveillant de son grand père et son regard fier quand il lui contait ses exploits en course à pieds. Oui car Céleste était champion de sa ville en course. Aucun autre enfant n'arrivait à le dépasser lorsqu'il était lancé à toute allure. Sa Maman lui disait souvent qu'un jour il s'envolerait tellement il court vite.
- « Tu vois Papy, ça c'est le trophée que j'ai gagné lors d'une course organisée contre l'école d'Anouk. Anouk court très vite aussi, nous sommes devenus amis ce jour-là.
- Que je suis fier de toi mon grand. Mais comment faites-vous pour vous parler maintenant qu'Anouk est retournée dans sa ville ?
- Papa et Maman m'ont offert un oiseau à moteur pour mon anniversaire. Anouk et moi, nous nous envoyons des lettres grâce à cet oiseau. »
Cette nuit-là, Céleste fit le rêve qu'il survolait toutes les villes de la région tel un oiseau à moteur. Il déployait ses grandes ailes et pouvait ainsi aller rendre visite à Anouk sur sa ville volante.
A son réveil, Céleste entendit un « toc toc toc » à sa fenêtre. C'était son oiseau à moteur qui lui apportait un message d'Anouk. En contemplant l'oiseau à moteur, Céleste eut une idée. Et s'il devenait lui aussi un oiseau à moteur. Après tout, il ne lui fallait que des ailes et un moteur. Pour fabriquer ses ailes, Céleste avait une idée en tête. A la cave, il y avait de nombreux sacs à patates vides. Ces sacs seraient parfaits pour voler. Il se mit alors tout de suite au travail. Il assembla les sacs en les cousant les uns aux autres. Puis il accrocha les ailes à de vieux manches à balais pour pouvoir les déployer en vol.
Il ne manquait plus que le moteur. Céleste n'y réfléchit pas à deux fois. Son moteur, c'était ses jambes qui lui permettaient d'être l'enfant le plus rapide de la ville. Céleste sortit de la maison pour essayer ses ailes. Il choisit la rue la plus longue de la ville et commença à courir vite, très vite, si vite que ses pieds ne touchaient plus le sol. Il volait, son rêve était devenu réalité. Il survola sa ville ainsi que les autres villes alentours. Il pouvait maintenant apporter ses lettres à son amie Anouk.