Celui-là et le Mien
rena-circa-le-blanc
Pourquoi ne suis-je donc pas celui-là,
Celui qui du Ciel ou de la Terre
Ne leur distingue que les mots ?
Celui qui plane toujours plus haut,
Celui qui ne compte jamais ses pas,
Celui qui aime le sol autant que l’air ?
Moi, je ne suis en fait que celui-ci,
Celui qui pleure à chaque fois qu’il peut,
Celui qui se plaint sans cesse.
Je n’ai de l’autre que la caresse,
Le doux rêve de devenir comme lui,
Et pouvoir faire ce que je veux.
Petit Démon de la Nuit
Je suis.
Grand Oiseau du Ciel Bleu,
Je veux.
Ma foi n’existe que grâce à Lui,
Je vis.
Mais être lui, malheureux,
Ne peux.
Des mondes à lui, il invente toujours,
Son imagination crée toutes Harpies,
Sirènes, Licornes, d’autres encore.
Tout ce qui n’existait pas vit alors
Et de ses mains fait la douce Magie,
Des Cavernes, des Pays et des Tours.
Moi, je suis prisonnière d’un corps,
Sinistre chair dont je ne peux sortir,
Et dont les échos de ma triste voix
Se heurtent brutalement aux parois.
En vain je ne cherche bien qu’à le fuir
Ce pour être un des leurs après la Mort.
Petit Démon de la Nuit,
Je suis.
Grand Oiseau du Ciel Bleu,
Je veux.
Ma foi n’existe que grâce à lui,
Je vis.
Mais être lui malheureux,
Ne peux.
Il a fait de ma vie un monde de splendeurs,
De mille bruits, mille odeurs, mille couleurs, mille saveurs.
Nous sommes tous deux liés, et si un jour par malheur
Je venais à périr, à son tour, lui il meurt.
Il est là quelque part, dans un coin, qui m’attend
Mais trop il me connaît il me laisse prendre mon temps
Petit à petit, à survivre, il m’apprend
Il est fier de moi, il est brave, et patient.
Car si je n’y arrive pas, il me dit qu’il comprend.
Il me donne la force tous les jours de lutter
Contre la Haine du Monde, contre tous ces forcenés
Qui tentent par milles fourberies de m’entraîner
Au fin fond de la haine, et me laisser implorer
Tous les Dieux, de la mort me donner.
Grâce à lui, oui je souffre toutes ces injustices
Malheurs du Monde content de sa malice,
Ou, devrais-je plutôt dire de ses caprices
Montrés par la larme qui sur sa belle joue glisse.
Mais je sers les dents, parce qu’il me faut survivre,
Je veux que lui aussi continue de vivre
Et ce pour encore et toujours qu’il m’enivre
De ses chants, de ses contes auxquels je me livre.