Cerbère Episode 1

mazdak-vafaei-shalmani

Manuscrit trouvé en Egypte en janvier 2013 (origine inconnue) :

Crie…Hurle…La fin d’un monde, c’est le début d’une nouvelle ère. Lorsque les flammes de l’enfer auront fini par défier Zeus lui-même, lorsque les os décrépis du roi des immortels seront transformés en larve ardente, et  serviront de torches au peuple affamé, alors le monde avancera dans la lumière sans être guidé par la lance des dieux. Qu’est-ce que tu as cru ? Qu’il te suffisait de te tenir sur la tribune du Mont Olympe et de nous abreuver de ton venin, qui a tant envouté nos femmes, et empoisonné autant de nos hommes, de rester là prostré comme une statue de pierre, pour qu’on reste toujours à tes pieds, regardant le ciel qu’à travers tes yeux. Dans notre lutte vitale pour reconquérir la vie,   lorsque nous avancions tout droit vers le sommet de la colline des calamités, combien d’entre nous se sont effondrés lorsque le brouillard de guerre s’est échappé de vos meurtrières qui portent si bien leur nom. Combien d’entre nous n’ont pu voir ou, ne serait-ce qu’entrevoir votre véritable visage, celui d’hommes et de femmes que le pouvoir a fini par dominer. Car vous n’êtes que cela, des hommes et des femmes, de chair et de sang, qu’un breuvage ancestral dont la composition a été tenue secrète pendant cinq siècles, a rendu immortel. Vous vous êtes alors enfermé dans votre citadelle, vous goinfrant de privilèges, et nous emportant dans vos guerres légendaires, dans lesquelles nous étions les seules à perdre à vie. Pour un oui ou pour un non, pour un amant amoureux, ou pour une femme délaissée ou trompée, l’armée de la cité de Paris a dominé ses provinces affrontant à chaque fois une technologie encore plus effroyable. Nous n’affrontions plus des hommes mais des bêtes, des machines vidées de toute humanité qui avançaient dans l’obscurité comme des ombres déjà mortes, que l’on n’a jamais pu  achever.  Mais le jour où le dernier mortel à avoir foulé les terres de l’Olympe est mort sous les coups lâches de son frère de son sang, il ne vous restait plus qu’à attendre vous aussi, ce que vous avez toujours craint, la fin de votre temps, la fin de votre vie.       

Signaler ce texte