Cerise Chocolat

Toile cirée sur la table, aux couleurs du printemps.

Dessus, un bol blanc céramique, des cerises rouges carmin y sont contenues. Je viens de dérober un petit pot de crème au chocolat dans le frigo (Ceux aux étuis en verre dont les producteurs ignorent tout de l'humanisme).

Pour autant, si le péché de gourmandise existe, il se cache dans cet affreux appel, à peine l'opercule détachée ... Il se diffuse et m'aspire.

Des gouttelettes sur la peau pour mettre en valeur sa couleur si parfaitement chocolat.

La salive regorge dans ma bouche, je repousse le moment de sacrifier à mon plaisir, saisissant une cerise duelle, de celle dont on fait les boucles d'oreilles.

C'est avec une concentration jubilatoire que je m'attaque à la fine lamelle durcie, qui a du mal à percer face à la tendresse de la cerise.

 Il me faut la balancer à plusieurs reprises.

Le carmin est encore plus vif lorsqu'il est embourbé, empêtré de cette crème dont la texture s'étiole en iceberg flasque.

Le moment où je remonte enfin la cerise vers ma bouche est disgracieux mais délectable.

Quelle souplesse dans les mouvements ne me faut il pas adopter  pour que les particules ne retombent pas.

A cet instant les chairs sont sur le point de s'entrecroiser contre mon palet.

Mes lèvres rencontrent le fruit, le caresse, le titille d 'un coup de dents, qui en délivrera la saveur à mes papilles toutes préparées .

Ce mélange des trois fluides au parfums multiples; de la salive qui dilue le chocolat amer contre le sucre écœurant de douceur de la cerise...

Je m'en délecterait a outrance: instant T du plaisir.