Ces jeunes qui veillent sur nos rêves
Jean Claude Blanc
Ces jeunes qui veillent sur nos rêves
Y-a-t-il une bonne raison, pour que notre jeunesse
Espère en l'avenir, qui de plus en plus régresse
En père attentionné, j'avoue parfois j'ai honte
Gâtée notre existence, qui s'en tire à bon compte
N'écoute plus les vieux sages, qu'à eux-mêmes s'en racontent
Nos mômes doivent courir vite pour aller de l'avant
On leur cède le témoin pas au meilleur moment
Refusent de le saisir, et comme je les comprends
Tout ce qu'on leur a promis, aboutit au néant
Génération gâchée, d'avance sacrifiée
Où s'en sortent les fonceurs, débrouillards rusés
Quand la plupart des autres vont faire la charité
D'un peu de reconnaissance pour leur docilité
Voyez ce qu'on leur laisse, comme idyllique futur
Des pistes d'aéroports qui blessent la nature
Des produits frelatés en guise de nourriture
Et une République qui pue la pourriture
Jeunesse généreuse et toujours volontaire
Pour vivre au grand air, y rouvrir des terres
Instruits certes diplômés, en reviennent à présent
Eleveurs de moutons, comme simples paysans
De retour à la mode les années 68
Sauf que de ces monts d'Ardèche, sont partis les hippies
Vers les cités bétons sous les néons blafards
Reprenant nostalgiques, le manche de leurs guitares
En ce 21ème siècle, les temps ont bien changé
Pour élever des chèvres, exige d'être calé
Véritable industrie, hélas pour rien gagner
C'est à désespérer, voir le prix du litre de lait…
Certains taillent la route, pour un autre horizon
Le sac sur le dos, dans les poches pas un rond
Débordant d'énergie, s'engagent dans les luttes
Cette société d'abstraits, en ville les rebute
Vieillards dépassés, on trouve ça bizarre
Qu'ils souhaitent avoir la paix, en faisant bande à part
Nous on nous a appris, que c'est une pure folie
De rester dans notre coin, dans notre arrière-pays
Ces gosses visionnaires, font pas de commentaires
Pas question de voter, veulent pas se faire piéger
Citoyens obligés, juste bon pour payer
Mieux vaut l'anonymat, entre frères communautaires
Ça, ils l'ont bien pigé, « zadistes, nuit debout »
Rassemblés pour la cause, les connivences se nouent
Fait la gueule l'Etat, car ça ne lui plait pas
De voir ces libertaires, n'en faire qu'à leurs lois
On a changé d'époque sans nous apercevoir
Que nos gosses avertis, veulent pas se faire avoir
Ignorent les fiers à bras, qui détiennent le pouvoir
Risquent pas nous imiter, électeurs bonnes poires
La rigueur, la crise, leur font aucun effet
N'étant pas concernés, envoient tout balader
Aussi même pas déçus, par élus malhonnêtes
Pas de soucis pour eux, ont changé de planète
Adeptes de Gandhi, pacifiques réalistes
Manifestent en silence, en faisant du sit-in
Marre du capital et de ce sale fric
Marchant que dans leur tête, s'y risquent pas les flics
Les actes de violence, des vengeurs casqués
Sont souvent du côté de l'Etat policier
Qui défonce les prairies, bousille les chemins ?
Notre Dame des Landes, la proie des assassins !
Ces Marais Poitevins, sacrifiés sur l'autel
De Vinci promoteur, qui tire les ficelles
Mais quelques-uns résistent, agissant en conscience
Empêcher ce désastre, qui enlaidit la France
Zadistes, on l'est tous, au moins par intérêt
Voulant surtout pas voir, notre bled défiguré
Par des mégalopoles, bâties à tout jamais
Laideur sous le nez de notre postérité
C'est beau de s'extasier, suffit d'imaginer
Des oiseaux qui s'envolent avec des ailes d'acier
Polluant l'atmosphère, seulement pour transporter
Avec dextérité, des voyageurs pressés
Plus que temps de s'unir, pour nous les cloches sonnent
On nous vole, on nous pille, ce que le Ciel nous donne
Notre Dame des Landes, pardonne leur, Madone
Ces hommes métronomes, agissent selon leurs normes
Courage à notre jeunesse, que d'obstacles à franchir
Avant que de jouir, d'une géniale harmonie
Que cette humanité, n'arrive pas à fleurir
A vous tenter la chance, car on est en sursis
N'étant que locataires de cette planète bleue
Mieux vaut la consommer s'en mettant pleins les yeux JC Blanc mai 2020 (pour Kerouac)