CES MOTS SONT POUR TOI - CHAPITRE 26-27 & 28
Philippe Esteban
CHAPITRE 26
Je n’arrive pas à savoir ce qui est le plus pénible dans cette cérémonie : entendre les hommages que l’on te rend ou y être associé. Difficile de répondre.
Ainsi nous n’aurions fait qu’un aux yeux des autres ? Ainsi on réalise que ma peine, même si je la dissimule, existe réellement. Ainsi on évoque au grand jour notre relation fraternelle particulière et souvent incomprise. Ainsi on nous rend justice après la calomnie larvée.
Je ne sais pas si cela suffira à convaincre nos détracteurs, mais en tout cas les mots ont été dits, et entre nous, c’est l’essentiel.
Bien entendu, ces mots me font mal car ils ravivent une blessure qui ne se fermera jamais. Même dans la mort, on nous associe petit frère. Doit-on s’en réjouir ?
JB reste debout derrière son pupitre, sur le maître autel, alors que les premières notes de One, de U2 crèvent le silence.
J’ai fait imprimer le texte sur le petit livret qu’a donné le prêtre à l’entrée de l’église. Il y a les paroles en anglais, puis leur traduction en français pour qu’on comprenne bien le sens.
Je ne sais pas comment je pourrais écouter du U2 après cette cérémonie. Je ne sais pas si, par plaisir, je passerai un de leurs disques à mes moments perdus. Il y aura toujours ton ombre en filigrane, à chaque fois que j’entendrai un riff de guitare de The Edge, ou la voix de Bono.
Je penserai forcément à ton adoration pour ce groupe, au fait que j’en ai été l’instigateur, car sans moi, tu ne les aurais peut-être pas connus, ni appréciés de cette façon.
Au départ, U2 c’était un groupe comme les autres, avec des chansons dont tu mélangeais parfois le titre, car tu trouvais qu’elles se ressemblaient.
Pour tes 14 ans, je t’avais offert The Joshua Tree. Tu avais craqué sur With or Without You, le premier extrait, et tu n’arrêtais pas de la chanter. Plutôt que de t’acheter le 45 tours, j’avais investi dans tout l’album.
Comme pour tous tes coups de foudre, celui-ci fut rapide, immédiat et irrémédiable. Tu es rapidement devenu un fan « hard core », pur et dur… ce qui m’a valu plus tard quelques reproches, quand tu as commencé à dépenser des sommes indécentes pour satisfaire ton appétit de collectionneur.
D’ailleurs, que ce soit dans ton ancien appartement, ou dans ta maison actuelle, tu leur as toujours consacré une pièce spéciale, un mausolée à leur gloire unique.
En 91, ils ont sorti Achtung Baby, avec One, un de leurs plus beaux titres. Ça nous a valu pas mal de discussions animées, car je n’étais pas forcément d’accord avec toi sur ton avis arrêté et définitif au sujet de cette chanson. Tu as décrété que One, était ni plus, ni moins, la plus belle chanson du monde. J’ai essayé de te faire changer d’avis, en te rappelant que des artistes comme les Beatles, ou Simon & Garfunkel, avaient existé, et qu’eux aussi, ils avaient écrit des chefs-d’œuvre ; tu ne m’as jamais écouté.
Quand je voulais vraiment t’énerver, car je savais que tu démarrerais au quart de tour, je te provoquais en te disant que With or Without You, était un bien meilleur titre, tant musicalement que vocalement. Je prêchais en même temps pour ma paroisse.
Si je m’étais trouvé à ta place ce matin, c’est d’ailleurs ce que vous auriez entendu pendant la cérémonie…
A chaque note de One, je suis capable d’associer un geste, un regard, une expression de ton visage. Tu étais tellement prévisible quand tu entendais cette chanson. Tu l’as disséquée, au point de la connaître sans doute mieux que ses créateurs. Dès les trois premières notes à la pédale charleston, et l’introduction de guitare de The Edge, tu rentrais dans une sorte de transe, peu importait l’endroit où tu te trouvais, ou ce que tu faisais.
Tu mettais un index sur ta bouche pour nous intimer de nous taire, et tu pointais l’autre en l’air tout en fermant les yeux. J’imagine que la matrice de la chanson devait défiler dans ta tête, réglée à la seconde près.
Tu entrouvrais tes lèvres pour susurrer les paroles, car jamais tu ne t’es aventuré à les chanter à haute voix.
La guitare sèche prend le dessus maintenant, la voix de Bono coule toute en retenue…
Des violons au bout de deux minutes de chanson, puis l’ensemble monte en puissance pour atteindre un paroxysme d’émotion et de perfection…
Es-tu venu pour te faire pardonner ?
Es-tu venu pour réveiller les morts ?
Es-tu venu ici pour faire comme Jésus et guérir la lèpre dans ton esprit ?
Je ne sais pas si j’ai bien traduit tout le texte, en tout cas j’ai fait de mon mieux…
Avec One, ce sont des milliers de souvenirs qui me reviennent en tête. Des lieux, des voyages, des ambiances, des soirées avec toi. Tu avais 18 ans quand la chanson est sortie, tu m’as offert douze ans d’émotions fortes à chaque fois que j’ai écouté ce titre avec toi.
Il te ressemblait beaucoup, fort, excessif, entier… j’ajouterais en toute mauvaise foi… pur…
Je suis vraiment à deux doigts d’éclater en sanglots Fanou.
Je sens mes larmes toutes proches. Peut-être vais-je te les réserver quand je viendrai à mon tour parler de toi devant ces gens qui ne te connaissaient pas, comme moi j’ai pu le faire ?
Ça va être bientôt le moment où je vais m’adresser directement à toi, sans passer par la pensée, sans imaginer tes réponses ou tes réactions…
La chanson vient de finir… Y a pas à dire, je trouve que With or Without You, est un bien meilleur titre. Je sais que tu dois bondir en m’entendant, mais au moins, ça nous fera un sujet de discussion quand on se reverra…
CHAPITRE 27
JB vient de retourner à sa place. Il n’a pas quitté des yeux la rosace colorée en face de lui. Il fuit ton cercueil, évite de passer à proximité avant de revenir s’asseoir derrière moi.
Il me touche l’épaule pour me donner du courage. Derrière moi, j’entends son abruti de père se plaindre que nous l’avons trahi en l’accueillant chez nous.
Il a vraiment rien compris à la vie ce gros con…
Je craque toujours pendant la cérémonie à l’église. C’est une constante. On ne me voit pleurer jamais avant un enterrement, ne me demande pas pourquoi.
Il suffit que je voie le cercueil fermé en pensant à la personne qui se trouve dedans, pour que j’évacue mon chagrin. Je repense aux souvenirs communs, à ce que l’on a pu vivre et là, mes larmes coulent… normalement.
Je dis bien normalement, parce qu’aujourd’hui ça ne vient pas. Ca fait trois jours que rien ne vient.
La douleur en moi ne fait qu’empirer, mais mes yeux restent secs, mon visage sans doute dur et impassible, en totale contradiction avec ce que l’on a pu dire sur nous deux depuis tout à l’heure.
Je sais que mon trop plein de peine va céder, je n’en ai aucun doute, mais j’aimerais que cela arrive vite pour que je puisse respirer plus sereinement. Je m’essouffle après avoir monté les deux marches qui me mènent au maître autel.
Tous ces yeux rivés sur moi, ces regards qui me jugent, peut-être et qui me jaugent certainement, me bloquent. J’avance jusqu’au pupitre. Je domine l’assistance du haut de ma petite estrade, comme au lycée.
Je domine aussi ton cercueil. L’odeur des lys monte jusqu’à moi. Je ne la sentais pas du banc où j’étais assis.
Je reconnais des visages parmi ces gens, mes élèves qui n’imaginaient pas que leur prof pouvait être une personne comme les autres, douée de sentiments.
Je fixe un des grands panneaux de bois au fond de l’église. Je ne souhaite regarder personne en particulier, même pas toi… surtout pas toi…
La lumière du jour passe à travers les vitraux et vient se diffracter sur la plaque dorée fixée à la tête de ton cercueil et où figurent ton nom, ton année de naissance et de mort. Je n’arrive pas à déchiffrer cette plaque car le soleil se reflète dedans et la rend illisible. A croire que toi aussi, par enchantement, tu cherches à nier cette mort pourtant bien réelle.
Je me suis concentré sur ma voix, pour qu’elle soit la plus neutre possible. J’ai puisé dans mes graves, cherché dans les profondeurs pour ne pas avoir l’air aussi ridicule que devant la jeune fille des urgences et celle de la chambre funéraire.
Cette fois, il y a quand même une différence de taille, car tu es là près de moi : ton visage enfermé dans cette prison de bois tourné vers moi. Ce visage froid que j’ai embrassé pour la dernière fois, et à qui je vais maintenant rendre hommage…
« Stéphane, quand j’ai ouvert la lettre qui contenait la liste de tes dernières volontés, je me doutais qu’à un moment où un autre, tu me demanderais de parler de toi. Tu sais, je ne suis pas la personne la plus objective pour le faire, mais sans prétention, je pense que je suis celle que te connaissait le mieux. Si ça ne te dérange pas, on va reprendre les bonnes habitudes, et je vais t’appeler Fanou, comme je l’ai toujours fait.
C’est difficile de parler de toi, il y a tellement de choses à dire. Le plus dur c’est de savoir par où commencer.
Tu ne m’en voudras pas si je dis que tu étais un être entier, qui n’aimait pas la tiédeur, ni la demi- mesure. Je te qualifierais d’excessif, d’épicurien, d’hédoniste… Finalement, depuis ces trois jours où tu nous as quittés, j’ai fini par croire que tu savais que tu partirais tôt et que tu n’avais pas de temps à perdre. Tu as été gourmand avec la vie, et c’est l’essentiel.
Comme je viens de le dire, tu étais entier, parfois trop aux yeux de certains. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que jamais tu n’agissais dans l’optique de nuire, contrairement à eux. Je ne t’ai jamais vu attaquer le premier, mais tu as toujours rendu les coups qu’on te donnait.
Tu sais, tu as toujours été présent dans ma vie. Dès que j’ai été en âge d’avoir mes propres souvenirs, tu y étais associé. Je me revois devant ton berceau quand tu dormais, et j’éloignais ceux qui faisaient du bruit autour de toi. Il ne fallait pas te réveiller.
Trente ans après, ce sont toujours les mêmes qui te polluent avec leurs bruits, leurs rumeurs insidieuses sur toi et moi, leurs esprits étroits et étriqués. Ils sont même venus ce matin, alors que tu ne les avais pas conviés.
Toute mon enfance a été conjuguée à la première personne du pluriel : toi et moi… nous tout simplement. Ça a toujours paru choquant pour ceux qui n’ont rien compris, qui ne comprennent toujours rien, et qui ne comprendront jamais rien de toute façon. Comme tu le disais souvent : A l’impossible, nul n’est tenu.
Fanou, tu étais mon jumeau d’esprit, dans des proportions qui ont pu parfois m’effrayer. On s’est soutenus dans tout ce qu’on a fait, à une exception près : le sport.
On voulait faire de nous des rugbymen, on a tenu bon… tu t’es tourné vers le judo, moi vers le tennis. Je ne t’ai jamais vu combattre. Tu n’as jamais assisté à un de mes matchs. Je crois que nous n’aurions jamais supporté de voir l’autre battu.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de retomber en enfance quand on partageait la même chambre, et qu’on se parlait avant de s’endormir.
Tu as toujours eu peur de mourir et tu croyais naïvement que nous partirions tous les deux, ensemble. Ta sincérité était touchante quand tu me disais que si je devais m’en aller le premier, tu ne me laisserais pas tout seul, et tu viendrais avec moi. Le pire dans l’histoire, c’est que tu aurais été capable de le faire.
Il n’y a pas si longtemps, tu as remis la mort sur le tapis en me disant que si le paradis c’était de glander sur des nuages à écouter des anges jouer de la harpe, il valait mieux ne pas y aller seul. En tout cas Fanou, pardonne-moi de ne pas pouvoir t’accompagner aujourd’hui et de ne pas continuer cette route avec toi.
Tu n’es peut-être plus là physiquement, mais on a encore des tas de choses à vivre tous les deux, et en tout cas, je ferai tout pour tu les vives à travers moi.
J’ai du mal à croire, moi aussi, que dans ce cercueil juste à mes pieds, tu es enfermé pour toujours. Mais c’est bien toi que j’ai embrassé pour la dernière fois ce matin au funérarium.
Avant de te quitter, j’aimerais te dire une chose que je ne t’ai jamais dite, par pudeur je pense. On peut aimer très fort plusieurs fois dans sa vie. Et là je parle de relations amoureuses et physiques, donc quelque chose qui ne nous concerne pas, quoi qu’aient pu en dire des personnes ici présentes…
Entre nous, il n’y a jamais eu d’inceste… Cependant, Fanou… tu es et tu resteras jusqu’à mon dernier souffle, mon unique et ma plus belle histoire d’amour, et la personne qui aura le plus compté dans ma vie, plus que ma propre existence.
Voilà, je mets enfin des mots sur ce que j’ai pu suggérer pendant les trente ans qu’on a eu le privilège de passer ensemble.
Je t’aime Fanou… »
CHAPITRE 28
Je retourne à ma place. J’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pieds. J’ai peur de tomber. Benjamin me tend sa main, et je la serre, en posant ma tête contre son épaule.
J’entends Roland me menacer, mais je n’y prête pas attention. De toute façon, s’il n’est pas content, la porte est grande ouverte.
Personne sauf moi, ne sait ce qui va se passer maintenant.
Je ferme les yeux, je baisse la tête pour ne pas voir, ni entendre les réactions autour de moi.
Ta voix s’élève dans l’église. Franche, grave mais limpide…
« Merci d’être venus aussi nombreux … »
Les murmures enflent.
J’ouvre les yeux. Il n’y a que trois visages qui restent baissés vers le sol : celui d’Arnaud, de Pierrick et de Laurent. Pierrick se met à pleurer. Laurent, se prend la tête à deux mains. Arnaud m’interroge du regard. Ils viennent de comprendre ce que tu as choisi comme ultime musique pour la cérémonie religieuse.
Tout le monde est en état de choc autour de moi. Benjamin n’arrête pas de me demander : Mais qu’est-ce qui se passe ?
Je lis de plus en plus de peur, voire d’horreur dans les regards, et je n’y peux rien.
« Voilà, maintenant, c’est l’heure de se dire au revoir, et on va finir avec un peu de douceur après tout ce bruit… La chanson s’appelle Hazard, et c’est une reprise de Richard Marx. Je vais demander à Raphaël de bien venir la chanter avec moi… Merci pour lui… »
J’avais accordé ma guitare acoustique pendant que tu présentais la chanson. Je me souviens du concert. On avait joué en plein air, pendant la fête de la musique. Il faisait tellement humide dehors que plus le concert avançait, plus on jouait faux. Heureusement que c’était la dernière chanson. Tous les copains étaient là pour notre toute dernière prestation ensemble.
J’ai plaqué les premiers accords sur la guitare et tu as commencé à chanter, avec ta voix si reconnaissable, grave et éraillée.
Je secoue la tête en t’écoutant, mes paumes plaquées sur le front, la poitrine secouée par des spasmes secs, violents et douloureux. Je renifle pour ne pas me moucher. On croit que je pleure enfin, mais la délivrance ne vient pas.
Ce qui se passe en ce moment me gêne terriblement. Ta dernière volonté, que j’ai vraiment eue du mal à respecter, instille un malaise croissant dans toute l’église.
J’entends des pleurs de plus en plus bruyants : ceux de Mircea, de Kelig, de Gwen…
Maman est prostrée à regarder ton cercueil.
Benjamin semble me dire avec son regard : « Mais qu’est-ce que t’as fait ? »
Cette chanson est la seule que nous ayons chantée ensemble tous les deux, sans les autres membres du groupe.
Tu avais entamé le premier couplet dans les graves, en accrochant un peu sur les dernières notes, et tu avais dû ajouter un peu de vibrato pour éviter la catastrophe.
Ma voix a rejoint la tienne sur le refrain, et ce matin, elle se mêle encore à l’unisson dans cette église, avec une résonance particulière au vu des circonstances.
Je suis encore associé à un événement de ta vie, même si en ce moment, c’est ta mort qui nous unit.
La chanson avance… Je me souviens de mes fausses notes sur le solo, déjà difficile à réaliser dans des conditions normales, mais carrément injouable avec une guitare désaccordée.
Personne n’y avait trop prêté attention de toute façon. Et puis ce duo, c’était ton idée, pas la mienne…
Nos deux voix qui se sont retrouvées au second refrain, avec des paroles un peu différentes. Tu avais mâtiné ta voix d’une ombre de tristesse, nécessaire à ce passage, et pour être franc, j’ai toujours trouvé ton interprétation meilleure que celle de Richard Marx.
A un moment, pourtant, tu as oublié tes paroles et j’ai dû continuer seul jusqu’à la fin du pont. Tu m’as souris, gêné. On aurait dit un petit garçon qui venait de faire une bêtise, alors que tu devais avoir 24 ans…
En y regardant de plus près, cette chanson, c’était toi, c’était moi, un résumé de ce qu’on a vécu avant que tu ne partes.
Ton assurance, tes fêlures dans ta voix aussi, ta vulnérabilité, le côté enfant que tu as toujours gardé, ton sourire et ton regard qui m’ont toujours émus… et par-dessus tout, ta fragilité, qui paradoxalement faisait ta force.
Voilà…, il y a tout ça dans cette chanson, tout ce que tu as donné aux autres, tout ce que tu m’as donné aussi.
On avait salué tous les deux en se donnant la main, puis Arnaud, Laurent et Pierrick nous avaient rejoints sur scène pour l’accolade finale. Et tu as avais repris la parole …
« Voilà, c’est fini… Merci pour tout, merci pour votre accueil. Ce soir, on a donné notre dernier concert… et on voudrait vraiment encore vous remercier pour votre soutien pendant ces années… On va vous dire «au revoir », mais pas « adieu », parce que ça porte malheur ! Portez-vous bien et soyez heureux ! Et surtout, souvenez-vous de nous ! Merci encore »…
On a quitté la scène. Les lumières se sont éteintes. Tu avais remercié le public et ceux qui nous avaient soutenus.
Maintenant, Fanou, c’est à mon tour de te dire merci.
Merci pour tout p’tit frère. Merci pour le bonheur que tu m’as apporté pendant trente ans.
J’aurais aimé que ça dure plus longtemps, mais une veine dans ton cerveau en a décidé autrement.
Merci d’avoir été là pendant tout ce temps, merci d’avoir été mon frère.
Allez, c’est l’heure d’aller rejoindre les anges maintenant…