C’est la grosse livraison

romualdmartin

poésie contemporaine

Eh petit oiseau !

Avant de venir dans cette viande

Faisandé, mal foutue

J'ai avalé une clé froide et dorée

Celle de la cage du monde

J'ai l'épaule tiède, calleuse

Battue à la course amoureuse

Des coups et des violentes averses

Tu ne verras pas le froid sombre

Si tu t'y pose comme on pose son courage

Dans les mains d'un autre homme

Je sais très bien que je siffle

Contre le cours du vent

J'ai l'art d'être comme d'Assise

Amoureux des oiseaux

Et de parler leur langue

Celle qui te verse des larmes


Eh petit oiseau !

Je retourne à mes mouches

À mon cuir retourné

Laisse pleurer les violons

Et mourir les pavés

Ouvre une bière

Disparaît dans le feu d'artifice

De mes cris sur les murs

Je couds ma bouche

De fatigue et d'envies


Eh petit oiseau !

Prépare mon hiver sombre

Celui des toits du ciel

Où la lumière ne vient plus

Que par bribes insensées


Eh petit oiseau !

Je te laisse à saint François

Moi je vais voir plus haut

Au-dessus de ma terre brûlée


Eh petit oiseau !

Je te laisse à saint François

Pour peindre tes envies


Eh petit oiseau !

Je te laisse à saint François

L'alcool attend mon âme


Eh petit oiseau !

Je suis déjà en retard

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