C'est la rentrée!
Jean Claude Blanc
C’est la rentrée !
Demain ça va barder, va brailler la marmaille
Accrochée aux jupons, aux grilles du portail
Instits désabusés, d’un été maniaque
Vacances trépassées, en gardent les stigmates
L’autobus des minots, arpente les hameaux
Les yeux déjà humides, s’agglutinent les marmots
De leurs années heureuses, ils doivent tourner la page
Mieux vaut pas qu’ils le sachent, se montreraient moins sages
Les mamans éplorées, gémissent pour la forme
En fait, bon débarras, vont tout remettre en ordre
Plus besoin de nourrice, car la classe est gratuite
Profitons du présent, plus hard sera la suite
Dès que sonne huit heures, on fait le paquetage
Le petit chérubin, chargé comme un bourrin
Se voit transbahuté, sans avoir le courage
De se plaindre de son sort, il trainasse en chemin
La maitresse, cette année, on ne sait pas qui c’est
Peut-être un dictateur, en guise de directeur
On tombe sur un balèze, aux épaules musclées
Qu’il faudra respecter, en tenue de rigueur
Dans la cour, les platanes commencent à déplumer
L’automne est avance, les visages sont fermés
Se sent abandonné, le môme, contre son gré
Débutent ses douleurs, n’a pas fini d’en chier
Coucou, moi c’est Colette, ta nouvelle maîtresse
Tu parles d’une intro, à fuir comme la peste
Qui c’est cette Cosette, qui veut m’embobiner
Se prend pour ma maman, mais en mieux embouchée
La récré, au début, dure la matinée
Pour dresser les sauvages, faut pas les effrayer
Surtout, lâcher du lest, pour mieux les ligoter
A peine la porte franchie, on a vite pigé
Ça débarque de partout, ça miaule, ça gueule, ça cri
Des fois, on se connait, on fait ami-ami
Pour une fois, solidaires on se tient compagnie
L’indépendance s’acquiert, seulement par l’esprit
Mais fini de rêver, cette fois, c’est du sérieux
Pour l’ordre rétablir, classés en rang par deux
Faut dire son petit nom, pour bien le retenir
Mais machinalement, ça fait craindre le pire
On t’assigne un bureau, une chaise à ta taille
Un plateau vermoulu, tagué et tailladé
La trace des anciens, souvenirs à gogo
On marque son passage, même à l’âge zéro
Ecoutant sans broncher, les règles, le protocole
Les sages comme une image, sont vite repérés
On va être obligé, de vivre à la colle
S’il y a des têtes à claques, devrons les supporter
On nous bourre le crâne, des coutumes obligées
Faut répondre présent, déjà en arrivant
Comme si les absents, pouvaient s’en excuser
Pour s’instruire des codes, faut être intelligent
Y’a plusieurs sections, chaque âge, son niveau
Les minus impétrants, sont pris pour des nigauds
Après la maternelle, on fait partie des grands
Ne faut pas déconner, on est plus des enfants
N’y a qu’un seul timide, vous demandez qui c’est
Suis le gosse de mon père, de lui j’ai hérité
Enfer et damnation, ou beauté, volupté
Deux sentiments contraires, m’accable le premier
Mange pas à la cantine, un souci d’épargné
Tendance à « pichorgner », en fait lever le nez
Quand on est au dessert, je n’en suis qu’à l’entrée
Chez moi, c’est pas pareil, j’aime me faire prier
Mes pompes sont lacées, mes sapes repassées
Mon sac à dos garni, de crayons, de cahiers
Commence la veillée d’armes, à décompter les heures
Me repasse sans arrêt, ce qui m’attend ailleurs
Mais l’ami « Ricoré », m’amène ses croissants
Mon petit déjeuner, sera sans doute gâché
Le petit guilleret, se fait du mauvais sang
Car l’école l’attend, le réveil a sonné
Histoire d’un gamin, qui part à sa guerre
Sans aucun enthousiasme, va y trainer ses guêtres
La porte de l’école, à lui est grande ouverte
Le novice écolier, commence ses galères
C’est la rentrée, à la télé
Présentateur au teint bronzé
Sur une plage, bien mitraillé
C’est terminé, fini de crâner
Petit marmot, faut pas gronder
Lui se contente, de son goûter JC Blanc septembre 2013
20/20.
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