C'est pas l'amer à boire!

Jean Claude Blanc

témoignage de mon séjour chez les poivrots...rien que du vrai

                          C'est pas l'amer à boire !

C'est une histoire au goût bizarre

Tout le monde un jour la dégustée

Comme chacun sait qu'en marc de café

On n'y lit pas que la vérité

Et c'est ainsi que dans l'isoloir

Pleins de cafards politicards

Tentent malins nous abuser

Déjà assez de promise cuitée…

 

C'est une fable pas ordinaire

Qui désespère et rend austère

En ces jours où tout m'est amer

Sur mes neurones mon crâne résonne

Narquoise, solitaire ritournelle

Me rappelant ceux qui me sonnent

De la mare au diable, polichinelles

 

Ces soirs où de nulle part venus

Au bar rencontre la racaille

Sur coin de comptoir, crade, mal tenu

Avec l'ivresse, conclu un bail

Pourquoi l'avouer, si chacun le sait

Que je préfère tout oublier

Devant mon verre, piquant du nez

 

Mais faut aussi que vous sachiez

Qu'ainsi me suis fait des amitiés

Parmi ces soiffards assemblés

Si je broie du noir, ça va me passer

Lorgnant pucelles en tenue légère

Qui rient tout près de mon calvaire

En m'opérant à cœur ouvert

 

Mais qui rient, qui rient de bon cœur

Que le malheur n'est qu'un leurre

Que désormais leur fait plus peur

Et ne peut plus être des leurs

Considérant leur âge en fleurs

Furtif bonheur, pour tendre ardeur

Ça leur redonne des couleurs

M'invitent à ranger mes rancoeurs

Echange tes pleurs, contre de la liqueur

Sinistre bipède picoleur

Qu'as-tu donc fait de ton merle chanteur

Toi qu'a pas dépouillé le Seigneur

Qui n'as pas tué ni père ni mère

Pourquoi rouler dans la poussière

 

Si tes angoisses persévèrent

Dans un verre noie tes petites misères

Afin ne pas les laisser faire

Te détruisant le caractère

Sachant que t'es libre comme l'air

Consciencieusement célibataire

Tes vives araignes, fais les taire

 

La peine jamais s'en satisfaire

Contre cette peste, vocifère

Bien mieux encore, avec les yeux

Plus grand encore, ausculte tes torts

En ton miroir de loqueteux

Regarde ta veste, qui te colle au corps

N'est-elle pas trouée de remords ?

 

Si par trop souvent en galères

Viens nous rejoindre, pour faire bonne chère

Sans préjugés, frère solidaire

Rapplique de suite à la lumière

On y boit de la meilleure bière

Tu verras comme ça désaltère

Même sans broncher, quel feu d'enfer

 

Toi qu'hier encore connaissais pas

Si par hasard tu perds la foi

Et qu'à ton tour tu broies du noir

Appelle-moi-même très tard

Car sur tes lèvres, ne peux que te croire

De sentiments, jamais avare

 

Au buffet d'une hagarde gare

Près d'un samovar terne et froid

Quoiqu'il arrive, foin des déboires

Nous sifflerons, litres de pinard

Afin de réchauffer l'espoir

Trois doigts de rouge, comme il se doit

Point de départ, d'un nouvel art

 

En ignorant pétrodollars

Avec le temps comme étendard

Va sourdre la source, d'une pure eau rare  

Au bigophone, entre nous bavards

S'en raconter, sacrés fêtards

Tellement la vie, c'est pas la gloire

Appelle-moi, vite sans retard

 

Simple témoin des réprouvés

Qui se bourrent la gueule à en crever

De leurs soucis débarrassés

A coup de Ricard, plus haut degré

Pour que ça rime plus avec regret

Mon vers vide, je le plains

Sitôt rempli, plus de chagrin

J'ai fréquenté tellement d'arsouilles

Il fallait bien que je me mouille

Pour les décrire ces pauvres nouilles

Qui certains soirs, n'ont pas la trouille

A l'abreuvoir se branlent les couilles

Tournent à la gnole, la flotte ça rouille

Mûrs écarlates, qu'à voir leur bouille

Reprends à mon compte, leurs commentaires

Paroles d'ivrognes, qui valent pas cher

Selon les dire des commères

Que mes potirons, dont je suis fier

Sauf que j'évite tournée dernière

Car de la picole, en exagèrent

Toute honte bue, sur une civière

Ramassés à la petite cuillère

Ma petite santé tellement précaire

Déjà suffit, d'en faire des vers JC Blanc janvier 2018 (piliers de bistrots)

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