C'est une émotion particulière.

Anthony Vauvert

C’est toujours la même sensation, c’est toujours la même caresse : c’est ma main, sur mon corps, c’est ta main, sur le tien… Il y a toi, il y a moi, mais il n’y a plus de nous.

C’est toujours la même chose, quand je me traine, dans la ville. Je vois des gens qui ne me regardent pas. J’entends des mots qui ne m’écoutent pas. Je veux des choses qui ne me désirent pas… La vie est monotone, et l’air mélancolique. C’est un éternel recommencement. C’est toujours les mêmes saisons, qui reviennent sans cesse. Mais le printemps, cette année, n’aura qu’une couleur, et ce sera celle de l’automne. Les fleurs seront jaunes, les oiseaux marrons, et les arbres oranges… Toi, corbeau, tu seras noir, comme tu l’as toujours été. Tu voleras, au milieu des feuilles déchues. Et, bien sur, tu ne reviendras pas. Brisant, ainsi, tous mes espoirs, tous mes rêves. Tu m’abandonneras, là où tu devais m’attendre, car tu auras trouvé mieux qu’une simple colombe, pour vivre une vie à deux.

C’est toujours le même chagrin ; c’est la pluie, tous les matins. Car il pleuvra jusqu’en juin. Car je pleurerai jusqu’en juin… Je pleurerai ton absence ; tu seras parti avec tout ce que j’aimais ; c’est-à-dire, toi, et tes grands yeux brûlants…

C’est toujours la même tragédie : c’est toi qui pars, c’est moi qui reste. C’est comme ça, je n’y pourrai rien. C’est sur ce même banc miteux, celui sur lequel tu m’avais promis l’amour, que j’attendrai l’été, qui sera hiver – car, comme nous le savons, après l’automne, c’est toujours l’hiver qui s’installe. C’est sur ce même banc miteux que j’attendrai le soleil, qui, bien sur, ne viendra pas.

C’est la nuit qui s’étend. C’est le noir qui s’installe, autour de mes yeux, autour de mon âme. Mais le noir, c’est ta couleur, celle de tes plumes, celle de tes yeux.

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