C'ÉTAIT L'AUTOMNE
Philippe Larue
C'était l'Automne. J'étais assis prêt à pleurer devant la prochaine rénovation du cerisier. Un printemps où il avait riz/sushi, le Nirvana des hêtres. Et puis, trois cent kilos de cerises plus tard, dans une marmelade de couleurs acidulées, allait se dépouiller. Cependant, la contemplation d'écorces m'offrait un Nirvana, une coquetterie de Racine et quelques simagrées de la Bruyère. L'être humain s'effeuillerait comme les arbres de la paperasserie étouffante, pour se distinguer à poil et s'apercevoir que les apparences étaient trompeuses.
Les vers du jardin étaient attirés par le beurre frais des jeunes feuilles tombées. Le merle croyait qu'il avait un bouton d'or juvénile sous les plumes et le poussin estimait suspect cette couleur moutarde due aux feuillus. C'était l'Automne. J'étais assis prêt à sourire au dernier rossignol, celui qui Wolinski pour la Plagne. Le becquetage des rayons ensolleillés par le cerisier était sophistiqué, un peu comme un botox naturel procuré par le hérisson pour narguer les rides de l'hiver. Une quintessence de photons âgés, mais diplomate avec l'histoire des hêtres.
C'était l'Automne. J'étais assis prêt à m'étourdir des ivresses colorées des jaunes impérials. J'avais mis Mozart, la flûte enchantée. La Doors entrouverte abdiquait aux pinsons curieux, les douces benjamines allégresses de l'Automne.