Chants Intérieurs I - Au clair de la lune
Katrin Blanch
Le monde semble fait pour que tout être vivant s'y abîme dans le mal comme dans le bien, dans la douleur comme dans le plaisir. Pour l'homme et l'animal, vivre, c'est s'abîmer jusqu'à la mort.
La vie est tout ce que je respecte religieusement : l'escargot comme l'éléphant, le serpent comme le faon, la pâquerette autant que le chêne centenaire. L'enfant de l'homme ni plus ni moins.
Chercher obstinément et mathématiquement la clé du pourquoi est autant de temps passé à ne plus vénérer l'existant pour ce qu'il est tout simplement. Nous ne sommes pas encore dignes de la Connaissance absolue, l'humanité est encore adolescente. Alors cessons un peu de nous agiter et rendons grâce.
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Les pluies de fin d'été,
Qui à cache-cache font jouer
Le soleil et les nuages,
Les ombres et la lumière,
D'une fraîcheur précoce,
D'un soupçon de langueur
Engourdissent nos corps
Et pénètrent nos âmes,
Qui déjà s'inclinent
Vers le long tunnel de l'hiver.
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Prisonnière de l'enfer urbain,
Des murailles et de la nuit,
Des rosées sans parfum,
Aux heures tièdes d'automne,
Noyées de brouillard et de pluie,
Je rêverai à toi,
Nature lointaine et hibernante,
M'abreuvant de souvenirs et d'impressions
Recueillis, ressentis
Lorsque j'habitais aux beaux jours
Tes nids, tes cimes,
Tes microcosmes et tes immensités.
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L'Ile de Ré, c'est pour moi bien plus que des vacances, des souvenirs, des paysages et des embruns familiers.
L'Ile de Ré, c'est une deuxième vie, celle d'un autre moi, le petit paradis que mon cœur d'enfant a choisi.
C'est aussi là que mes parents ont jeté leur dernière ancre et que dort mon père au petit cimetière d'où on voit l'océan… par-delà Vauban.
C'est ici que peu à peu, je hisse les voiles pour le grand voyage vers l'infini.
C'est là-bas seulement que je parviens à oublier que dans nos veines s'infiltre et s'écoule lentement le poison mortel du temps.
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C'est un peu la Camargue,
On y voit des chevaux
Qui traversent les sables,
Émouvants.
Et c'est un peu l'Espagne,
Les maisons sont si blanches
Que s'y arrêtent les gens,
Le soleil et le vent.
Des histoires salées
Nous viennent de la mer,
C'est le chant des marais,
Et des milliers d'oiseaux
Vous parlent de leur île
Qu'ils ne veulent pas quitter
Trop longtemps.
Comme ces gros cailloux blancs
Qui roulent sur la grève,
Venant parfois de très loin
Peut-être d'Amérique.
Le ciel s'effiloche
En mille écharpes blanches
Qui se prennent dans les
Cerf- volants.
Et les peintres repêchent
Du bout de leur pinceau
Des algues et des reflets,
Des lumières en copeaux.
Ce n'est pourtant pas la Camargue,
Et ce n'est pourtant pas l'Espagne.
Non, c'est un petit coin à part,
Au-delà de toutes les frontières.
C'est l'Ile de Ré,
C'est Ré la Blanche.
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L'arc-en-ciel,
C'est l'immense éclat de rire du soleil
Qui fait crever ou fuir les nuages,
Qui fait peur aux corbeaux.
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Le sommeil est un puits,
Étreinte du néant
Où j'embrasse mon petit mystère
Et, poudre d'étoiles,
La grande Énergie.
Se fondre en pesanteur
Et « s'inanimer »
Pour quelques heures.
Comme la pierre et la plante,
Laisser le temps et l'espace
En soi s'étirer librement.
Mimer des choses
Le silence et l'humilité.
Exister autrement.
Être véritablement.
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En dernière heure, que me reste-t-il ?
Quel souvenir, quel regret ?
Il n'est plus temps de choisir.
Que peut donc évoquer une mémoire défaillante ?
Un seul désir, un seul :
Entrer dans l'Océan,
Pour toujours,
N'être rien,
Qu'une pierre tourneboulée,
Mille et une fois charriée
Par la force de l'immensité,
Brisant et fracassant
Les limites de ce corps
Jusque là enchaîné
Aux racines terrestres.
N'être rien
Qu'une poussière dans l'écume,
Voler en mille éclats,
Bien loin,
Si loin des humains.
N'être rien,
Et à jamais,
Qu'une éclaboussure dans le soleil.
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Magnifique ! Magnifique la façon dont vous décrivez, écrivez la nature Katrin et l'île de Ré, Ré la blanche : un petit bijou ! Comment vous dire...un petit bijou d'écriture !
· Il y a plus de 8 ans ·"N'être rien, Et à jamais, Qu'une éclaboussure dans le soleil"
Je vais encore relire votre si belle pensée!
Louve