La Prophétie du Lion Sorcier - Chapitre 17 : Matin Agité

Lynn Rénier

Anya & le Magicien - Tome 1 : La Prophétie du Lion Sorcier

Le soleil perce enfin, et ses rayons viennent réveiller Anya. S'étirant comme un chat, la jeune femme laisse échapper un bâillement. Elle est encore somnolente. Et tandis qu'elle passe une main dans ses épais cheveux clairs tout emmêlés, elle tourne le regard vers le lit de son amie.

Évelyn est toujours endormie sous ses draps. Il est temps de la réveiller. Et à cette idée, Anya ne peut s'empêcher de sourire. Elle sort de son lit, prend le temps d'ouvrir les volets. La lavandière rouspète un murmure et se muche un peu plus sous sa couette.

Doucement, à pas de velours, Anya s'approche. Et se laisse tomber sur son amie, comme une petite fille réveillerait sa grande sœur.

- Debout, paresseuse ! Il est l'heure. Le soleil brille, les oiseaux chantent.

- Anya, par les Dieux… Laisses-moi dormir encore un peu, s'il te plait… réplique son amie d'une voix ensommeillée.

- Impossible. On va être en retard dans nos tâches, sinon.

Évelyn se frotte les yeux.

- Tu as bien dormi après ton mauvais rêve ? s'enquit Anya.

- Mmh, oui.

- Tant mieux. Prête pour la journée alors ?

- Je présume.

Anya la sent un peu ailleurs.

- Ça va aller ?

- Ne t'inquiètes pas, lui sourit Évelyn. Je somnole encore.

- Une bonne tasse de café et tu seras d'attaque !

- Oh oui !

Anya sait combien Évelyn aime le café.

Elle ne déroge jamais à son petit rituel matinal. D'ailleurs, elle ne saurait commencer sa journée sans avoir pris une tasse de café. Et de mémoire, jamais elle ne l'a vu attaquer ses tâches sans avoir bu ce breuvage noir au préalable. Une première tasse, rapidement suivi par d'autres. Une véritable addiction.

- Je descends petit-déjeuner. J'ai une journée chargée. Ioan a besoin qu'on s'occupe de lui, ne peut-elle s'empêcher de sourire.

- Alors file. On se voit tout à l'heure.

- Comme toujours, chantonne Anya en quittant la chambre.

Elle passe par la salle d'eau, pour se débarbouiller un peu et se changer, avant de gagner les cuisines.

Mais en croisant ses camarades ce matin-là, elle les trouve bien penauds. Étrange, ça ne leur ressemble pas. Elle entend dire que le domaine voisin est sous l'agitation inhabituelle de ses domestiques. Seulement, très occupée dans ses tâches auprès de Dame Inarah, elle n'en apprend pas d'avantage avant que l'heure du repas de midi ne sonne.

 

Tandis qu'elle se rend aux cuisines pour prendre son déjeuner après une matinée bien remplie, Anya s'aperçoit que l'agitation règne de façon inhabituelle. Béatrice est tendue, tandis qu'elle discute de choses sérieuses avec Cidji, le cuisiner. Et elle n'entend pas la jeune femme-de-chambre entrer.

Elle observe la jeune femme rousse parler avec Cidji Bec. L'homme, ancien soldat maître d'armes et excellent bretteur, a quitté l'armée pour se consacrer à sa passion première : la cuisine. Des cheveux blonds, raides, qui lui tombent sur les épaules. Des yeux bleus sur un visage relativement jeune. Il est charmant, agréable et jovial. Mais étrangement, comme les autres, pas ce matin-là.

Anya entre doucement, ne voulant pas les brusquer. Elle les laisse terminer. Puis, le cuisinier et la commis s'aperçoivent de sa présence, et en sont presque gênée. Ils se taisent aussitôt. Béatrice tourne les yeux vers son amie, et son expression se fige en une mine désolée et attristée.

- Que se passe-t-il ? ose Anya, comprenant qu'il se passe quelque chose d'inhabituelle.

Mais le cuisinier et la commis ne lui répondent pas et ne font qu'échanger un regard, se demandant presque l'un l'autre s'ils doivent lui raconter.

Cidji finit par les laisser toutes les deux, retournant à ses fourneaux. Le repas de Dame Inarah et des autres domestiques de la villa ne doit pas brûler. Et puis, il n'est pas très doué pour parler de ces choses-là. Son passé militaire l'a formé à aller droit au but, sans y mettre les formes. Pour ce dont il s'agit cette fois, il préfère laisser sa commis expliquer la situation à Anya. Elle saura lui dire avec douceur.

Béatrice, elle, est bien tentée de le suivre, mais la jeune femme-de-chambre ne la laisse pas s'échapper ainsi. Anya veut savoir ce qui se passe, pourquoi ce soudain silence à son arrivée. Et pourquoi la commis, avec qui elle a toujours eu une relation amicale sans problème, cherche soudain à la fuir. Elle, qui d'ordinaire est si bavarde, est ce jour-là bien silencieuse.

- Dis-moi ce qui ce passe, Béa, lui demande-t-elle.

- Je… Je ne sais pas si je dois vraiment de le dire…

- Dis-moi ! Pourquoi tout le monde est si silencieux aujourd'hui ? Qu'est-ce que vous me cachez tous ?

- Il est arrivé un accident chez Monsieur De Olstin…

- Un accident ? Comment ça ? Expliques-toi.

Béatrice se tord les mains, tiraillée entre l'envie de lui répondre avec franchise et celle de la tenir dans l'ignorance…


© Lynn RÉNIER
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