Chapitre 2 une nouvelle vie pour Aiden

Sergueï Bonal

Le jour n'était pas encore levé, Aiden piaffait dans sa chambre en attendant l'arrivée de l'homme qui changera sa vie, du moins c'était ce qu'il croyait. De sa fenêtre, il voyait d'immenses robots parcourir les rues armés d'un énorme fusil émettant une lumière verte au travers d'un cristal.

—Le Prédator 10 ! lança Aiden en admiration.

La scène dura une fraction de seconde, il était émerveillé, il en avait entendu parler de cette arme redoutable, mais jamais il en avait vu une en vrai. Le Prédator 10 était la nouvelle génération de fusil à neutron. Seules les machines blindées pouvaient les utiliser. Le Prédator 10 était un alliage entre l'élégance et l'horreur à l'état pur. Cet engin de mort faisait plus de trente kilos. Comme toutes les armes de la garde, il a été conçu dans les laboratoires du GPU. Cette arme de guerre pouvait tirer plus de trente balles secondes et traversait n'importe quelle matière. Malheureusement elle servait plus comme moyen de dissuasion, rare sont ceux qui l'on utilisé lors d'un combat. Aiden était fasciné par la garde du GPU, ses hommes tout d'acier vêtu imposaient le respect. Dans ses rêves, il s'imaginait être un de ces hommes sans peur et impitoyable. Mais son avenir était tout tracé, son père voulait qu'il soit comme lui. Tous les hommes de la famille travaillaient comme ouvrier. Pour les Black c'était une tradition, presque un honneur de participer au bon fonctionnement du pays. Une grande partie de la ville dépendait du charbon et de la vapeur. Aiden connaissait son avenir, il redoutait cependant de l'aborder. Il n'arrivait pas à concevoir tout ce qu'il allait devoir faire durant les trente prochaines années de sa vie. Il avait conscience du poids qu'il avait sur les épaules, il ne pouvait pas décevoir sa famille et le GPU. Son père le lui rappelait régulièrement. Gilderoy était un employé modèle, il vouait sa vie à son usine. Il intégra la manufacture à l'âge de seize ans, pour des raisons de santé et de moral l'âge légal passa à vingt et un ans. Il avait le même poste depuis toutes ses années et il en était satisfait. Il voyait le travail comme le moyen de s'accomplir, de devenir quelqu'un. Depuis qu'Aide n eu été en âge de comprendre, il lui ventait les bienfaits du travail.

Ne sortant pas beaucoup, Aiden ignorait les diverses possibilités qu'offrait la ville. Il ne connaissait que le quartier B 34, zone ouvrière avec des conditions de vie difficiles. Londres était réparti en zone, en classe sociale pour être exacte. Plus on se rapprochait du centre plus la population était riche et vivant dans des conditions plus que correcte. Aiden, ainsi que ses parents ne s'étaient jamais interrogés sur leurs conditions de vie. Ils préféraient profiter au jour le jour en se contentant de ce qu'ils avaient. Il s'agissait là d'un des plus grands préceptes de l'Aube de la lumière révélatrice. Trop de doute, de questions, pouvait nuire à l'équilibre instauré avec tant de difficulté. Pour l'Aude l'individu devait vivre avec simplicité en laissant derrière lui tout ce qui pourrait lui faire du mal. Grace à la religion et à la prière, l'homme pourrait se libérer de ses entraves. Léopold Victorius œuvrait depuis des années dans ce but. A ses yeux, les dieux guérissaient tous les maux, il suffisait d'y croire. Le regard perdu dans le vide, Aiden sursauta en entendant son père hurler derrière la porte.

—Aiden, lève-toi, prépare-toi pour la cérémonie ? Ta mère t'attend pour te souhaiter ton anniversaire.

Le jeune adulte laissa échapper une longue respiration, il s'habilla en quatrième vitesse et alla rejoindre ses parents. Gilderoy était un petit homme chauve au visage fripé. Pourtant il avait ne voix puissante qui imposait le respect. Issu d'un milieu rustre et défavorisé, il manquait de tact et de retenu. Il avait une manière de parler typique d'un homme n'ayant reçu aucune éducation. Sa femme Catherine, en revanche était plus distinguée, même si elle n'était qu'une simple secrétaire qui aux yeux du GPU ne représentait rien, elle savait néanmoins s'exprimer correctement et faisait attention à elle. Elle était aussi grande qu'Aiden, fine, elle aimait porter de longe robes pour mettre ses formes en valeur. Catherine n'était pas non plus issue d'une noble famille et ça ne la dérangeait pas, ni Gilderoy ! Ils vivaient très simplement et en se satisfaisant de tout ce qu'ils avaient. Ils n'étaient pas les seuls, toute la population semblait vivre dans un bonheur constant, chose qui était rare. En même temps, après avoir vécu l'enfer une vie simple, sans guerre, était la bienvenue. La Famille Black ne s'était jamais soucié de leur devenir, ni sur comment ils voyaient leur avenir. Pourquoi faire, quand il y avait le GPU et l'Aube ? L'histoire et en particulier celle du GPU était la base de cette nouvelle société. Tout le monde, qu'il soit pauvre, instruit, ouvrier, connaissait tout l'histoire. Heureusement, en se souvenant du passé, les erreurs du passé ne peuvent plus se réitérer.

—Papa où est ma cravate verte ?

—Comment qu'tu veux que je le sache ? Si tu ne sais pas où qu'tu range tes affaires.

Aiden, parcourait sa chambre nerveux de ne pas trouver sa cravate, chose obligatoire pour la cérémonie. Gilderoy un an auparavant a reçu une lettre l'informant de la démarche à suivre durant la cérémonie. Le jeune, dans le cas présent, Aiden, devait porter un costume gris avec une cravate verte, exigence du GPU. Il fallait également porter des mocassins verts, pour être raccord avec la cravate. Il n'y avait que Perceval pour décréter une chose pareille. Il fallait se munir du livre de l'Aube. Durant la cérémonie, Aiden devra partager sa foie, et renaitre dans l'a peau d'un homme. Un représentant de l'Aube sera présent pour le purifier. Il y avait beaucoup de règles et traditions, mais elles permettaient de maintenir l'ordre.

—Chéri, regarde dans ton tiroir spécial événement.

—bien-sûr c'est tellement évident ! laissa échappé Aiden en mettant le désordre dans sa chambre.  

Il trouva enfin sa cravate qui était toute froissée. Madame Black en voyant l'objet, décida de la repasser avant l'arrivée de leurs invités forcé. Monsieur Black tout aussi nerveux qu'Aiden, se préparait à les recevoir.

—Bjour messieurs, t'est un honneur d'vous recevoir ! se disait-il en fixant le miroir crasseux.

Il n'avait pas l'habitude de s'exprimer en public, les rares personnes avec qui il parlait étaient ses collègues de travails. Il n'avait pas besoin de surveiller son langage, mais devant des représentants du gouvernement et de l'Aube il lui fallait faire un effort. Pour ce qui était de madame Black, elle n'était pas stressée, elle était fière de voir son fils devenir un adulte. Elle se souvenait du jour où elle a reçu le règlement Vitae. Il s'agissait d'une plaque en acier où il était inscrit toutes les règles que devait respecter un homme, une femme atteignant la majorité. Même si les enfants devaient obéir à des règles, ils devaient d'autant plus les respecter adulte. Les lois, différaient entre les deux stades, certaines choses que les enfants pouvaient commettre, chez l'adulte elles étaient passible de mort. Aussi bienveillant qu'était le GPU et à l'écoute du peuple, aucun crime ne restait impuni. Il s'agissait là du prix à payer pour maintenir l'équilibre, aucune concession !  

—Aiden, t'es prêt, nos dvons reprendre le déroulement de la journée, tout doit être parfait, lança Gilderoy en piaffant dans le salon.

Aiden tomba devait ses parents tenant un gâteau d'anniversaire peu apetissant et un petit paquet mal emballé laissant apparaitre une boite que reconnu Aiden en une fraction de seconde.

—Vous m'avez acheté couteaulance ?

—Ça t'fait pas plaisir mon grand ? s'enquerra Gilderoy déçu de voir la réaction de son fils.

—Si bien-sûr, mais je croyais que c'était prohibé, interdit, papa (se repris Aiden en voyant le l'air dubitatif de son père en entendant ce mot)

—On va dire, que t'est au cas où t'airais des problèmes, faut être prudent. T'évite de le sortir  en publique et tout va aller.

Aiden scrutait l'objet qui au premier abord paraissait très tranchant et ancien. Il devait surement appartenir à Gilderoy, il n'avait pas l'argent pour offrir un tel objet, déjà  que payer les factures était assez compliqué. Il distingua en plissant des yeux les initiales de son père, ce qui confirma sa théorie.

—Merci papa, mais tu ne comptes pas t'en servir de nouveau ?

—Que voudrais-tu que j'en fasse ? C'est toi qui dois te protéger, on  t'sait pas c'qui traine dans les rues.

Madame Black déconcerté par le langage de son mari, s'arrêta de le reprendre continuellement. Elle mit la cravate autour du cou d'Aiden qui paraissait nerveux.

—Tout va bien se passé mon chéri, tu ne seras pas seul, tu vas être accompagné.

—Je sais, mais j'ai peur de faire quelque chose de travers.

Gilderoy, prit son fils entre ses mains massives et velues. Il l'entraina devant un mur remplis de photos qui au vu de leurs décoloration devaient datées de quelques années.

—Tu vois, c'est moi et mon ami Lucius le jour de la cérémonie. Je me souviens de cette période, où j'étais jeune et beau ! C'est même à cette période que j'ai rencontré ta mère. Nous nous sommes mariés peu de temps après, s'était une autre époque. Maintenant, vous êtes en sécurités, vous avez tout, un gouvernement qui vous soutien. Je peux te garantir, dit Gilderoy en faisant un effort pour parler.  

Aiden tentait d'imaginer une vie, sans le GPU, sans Vitae et toute cette liberté. Etant né dans une période de transition, il n'avait pas assez de recul pour comparer, mais comme tous les enfants, il connaissait la terrible histoire. Alors qu'il comptait entamer une longue conversation sur l'histoire, la porte trembla et fit sursauter madame Black qui se redressa d'un coup.

—Bon Aiden, nous n'avons plus le temps, tu fais tout ce que te demandent les hauts dirigeants. Ils vont t'poser des questions, t'faire signer des papiers et te donner des documents importants. Soit naturel, honnête et tout se passera bien, mon grand. Ta mère et moi sommes très fier de toi.

Madame Black alla ouvrir, durant cette fraction de seconde, Aiden fut pris d'un stress terrible. Il était en proie à un doute terrible, alors qu'il savait qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. Deux hommes entrèrent un tout de noir vêtu et l'autre plus extravagant, portait un costume violet. L'air à l'allure sinistre représentait l'Aube, il n'en pouvait être autrement ! L'esprit fermé, voué à la prière, il n'y avait pas beaucoup de place pour la fantaisie. Rien chez lui paraissait naturel, on aurait cru à une machine, peut-être l'était-il ? D'apparence austère, l'expression de son visage le confirmait, il ne devait pas beaucoup rire. Il avait un visage énorme, presque disproportionné par rapport au reste de son corps. C'était peut-être ce qui accentuait cet air très sombre et froid. Il devait faire deux bonne tête de plus qu'Aiden et il devait être proche de l'anorexie morbide. Son teint cireux n'inspirait pas confiance, Aiden se demandait si tous les représentants de l'Aube étaient comme lui. Pour ce qui était de l'autre un petit chauve bien portant portait un costume qui dénotait justement un penchant pour la fantaisie. Contrairement à son collègue toujours le visage renfrogné, avait un visage avenant et lumineux. Tout comme Perceval, il avait un goût prononcé pour les vêtements coloré et extravagant, seulement il n'avait pas la même finesse, subtilité. Edgar Fox, était brodé sur sa veste, en lettre d'or. Il devait être important se disait Aiden en relisant plusieurs fois le nom.

—Bonjour monsieur et madame Black, merci de nous recevoir pour ce grand moment, lança Egard d'une voix atone comme s'il n'était pas convaincu de l'importance de cette journée.

—En tant que représentant de l'Aube de la lumière révélatrice, Verpee Boringher se redressa et prit une voix dégagée en saluant poliment la famille Black.

—C'est un honneur d'accompagner Aiden dans cette nouvelle vie. L'Aube de la lumière révélatrice est fière de savoir qu'un garçon comme lui rejoint les rangs de cette grande famille. Tu verras, l'Aube sera toujours là pour toi Aiden. Si tu te montres vertueux, droit et bon, alors tes efforts seront récompensés. L'Aube sait reconnaitre ses fidèles !

Tous deux tenaient un tas de dossiers Verpee Boringher tendit un document d'un geste lent presque tremblant. Aiden vit un bras décharné, il n'avait que les os sur la peau, il n'osait pas attraper un tas de feuillets. Il y avait un tas d'information sur l'Aube et sur l'histoire de la ville. Rien qu'il ne savait pas déjà, mais parfois se souvenir ne faisait pas de mal.

—Tu dois sans doute tout savoir, mais c'est la procédure, je dois te remettre ce dossier concernant l'histoire de l'Aube et ses objectifs. Il y a toutes les règles qu'il faut suivre pour être un bon pratiquant. Tu veux bien que nous les regardions ensemble ?

Avait-il le choix ? Verpee prit place sur le canapé qui avait quelques années de trop, par endroit le tissu était déchiré ou décoloré. Verpee n'osa pas montrer son dégout pour la famille Black, il se contenta d'afficher un grand sourire.

—Auriez-vous du thé ? Tu sais Aiden, tu es à un tournant de ta vie, tu n'es plus en enfant. Adulte tu dois respecter un certain nombre de règle, mais tu dois également avoir des droits, comme tout citoyen. Pour la partie travail, lois, je laisserais mon confrère s'en occuper. Regardons plutôt notre histoire !

Il attrapa un petit livret avec inscrit dessus, l'histoire de l'Aube depuis ses origines. Aiden, lisait attentivement sous l'œil observateur de Verpee qui savourait son thé. Celui-ci lisait pardessus l'épaule d'Aiden qui semblait captivé par sa lecture.

—Je voulais revenir sur un passage important, l'Aube glorifie tous les dieux. Comme tu le sais le principal est le dieu de la lumière, le dieu purificateur. (Il lisait à haute voix les dernières lignes en prenant une voix forte et assurée) Le messager est venu à nous au moment où nous en avions le plus besoin. Le dieu de la lumière a entendu notre appel et dans bonté infini il nous a apporté l'amour et la paix. Donne aux autres, apporte ta pierre à son édifice, à son immense projet et il saura voir en toi la lumière qui te révélera aux autres. Le travail, une déviation sans faille, ce sont les clefs du bonheur. Donnez votre vie pour l'Aube et votre pays et soyez libre. Veux-tu Aiden en ce jour devenir un fils de l'Aube, un enfant de Londres, un gardien du pays ?

Aiden sentit une sensation étrange, un pincement au cœur. Son regard brillait en imaginant être à une telle place. C'était tout ce dont il a toujours rêvé, aider et participer à quelque chose de plus grand que lui. Aiden lisait attentivement chaque document, il y avait une charte, expliquant tout ce qu'un bon croyant devant faire pour honorer les dieux.

*Un bon fils de l'Aube devra apporter son énergie, sa vie pour le maintien de la grande cité qui l'a vu naitre.

*un bon croyant devra prier trois fois par jour tous les dieux.

*Aller à l'hôtel des anciens pour faire des offrandes afin de remercier les pères.

*Chaque premier du mois, donner une contribution au l'Aube pour poursuivre sa quête pour le maintien de la paix et de l'équilibre.  (Une partie du salaire)

La liste était sur deux pages, Aiden lut sans omettre une information, tout était important. Le dernier document, le plus important étant non en papier mais en acier. Un plaque avec inscrit dessus la prière qu'il fallait réciter afin de rendre gloire au dieu de la lumière.

 

Je rends grâce au dieu des dieux, accorde-moi ta lumière,

Toi le miséricordieux, tu nous protège et nous fait grandir.

Accepte ces mots en gage de remerciement, moi qui suis un simple mortel

Donne-moi la force et ta sagesse pour apporter la lumière révélatrice

Apprend-moi à illuminer le monde, donne-moi ton amour, et je le disperserais

Que ta volonté soit faite, ici et ailleurs, je serais ton messager, l'objet de ton désir

Je ferais de ce monde ton paradis, tout que ce que je fais je te le dois.

Tu es mon guide, mon berger dans la vallée de l'ombre,

Mais ta lumière me rassure.

Longue vie à l'Aube

 

Aiden était comme hypnotisé, émerveillé par ce qu'il lisait il ne voyait plus ses parents il s'imaginait dans sa nouvelle vie. Il n'était plus effrayé et stressé, mais il avait confiance en l'avenir, l'Aube lui a donné une réel motivation, un sens à sa vie. Verpee posa sa main sur l'épaule d'Aiden qui le regardait comme s'il était dieu en personne.

—D'ici peu tu recevras la lumière divine et tu entreras dans un nouveau monde. Tu connaitras la pureté, la sagesse et tu vivras sans craintes, dans l'amour des dieux.

Edgard pressé de faire son discours préparé soigneusement pour l'occasion, rajusta sa cravate violette et tendit non pas un dossier, mais juste une lettre où il était écrit : Monsieur Aiden Black.  Au dos, l'adresse du GPU avec leur sceau représentant un cadrant de montre cacheté avec de la cire couleur bronze. Aiden ouvrit la lettre, elle était écrite à la main par une des secrétaires du GPU. 

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