Chapitre 4 le début du voyage
Sergueï Bonal
Yvan se retrouva dans cette immense et sublime ville que l'on appelait Florence. La Plazza de la Señoría était bondée de monde, il n'avait jamais vu autant de monde réuni dans un même endroit. Il marchait lentement vers l'immense tour qui dominait la place. La voix étrange le suivait en lui expliquant l'histoire des bâtiments qui l'entouraient.
— La piazza della Signoria est la plus imposante place touristique, tu peux me croire. Regarde cette beauté, à chaque fois que je la vois j'ai un pincement au cœur. De style Renaissance, elle date des XIIe et XIVe siècles dans sa forme actuelle en « L », avec le palazzo Vecchio (« vieux Palais », siège du pouvoir de la République florentine, du duché de Florence et du grand-duché de Toscane, actuel musée) accolé à la loggia dei Lanzi et à la galerie des Offices, voisin du ponte Vecchio, avec ses nombreuses sculptures artistiques publiques. C'est, je crois, la représentation même de l'art, de la beauté humaine, ce que l'homme sait faire de mieux. Oh il y a certes des endroits tout aussi magnifiques, mais celui-ci est spécial.
Yvan regardait chaque bâtiment, leur architecture. Même lui qui ne ressentait rien, devait bien l'accorder à cette voix étrange, il y avait quelque chose dans ce lieu. Il y avait une force, une sorte de magie présentes qui vous faisaient voir les choses différemment.
— Regarde Le David, majestueux, fier, représentation parfaite de l'homme. J'ai envie de pleurer à chaque fois que je le vois.
Yvan fixait l'immense statue de David. Unique sculpture de Michel-Ange, symbole de son talent, parmi tant d'autres de ses œuvres, lança la voix avec passion, en totale admiration.
— Vous êtes où ? montrez-vous !
Au même moment, un petit homme en robe de chambre apparut près d'Yvan qui sursauta.
— Je vous imaginais plus…
— Plus grand et plus imposant ? Je sais tout le monde me le dit ! Je me présente, dit le petit homme en prenant un accent portugais. Je suis Fernando-Pablo Lorenzzo, à votre service.
— Vous êtes portugais ?
— Ma, quelle observation mon garçon ! Si, enfin je rectifie, je suis portugais du côté de ma mère et italien du côté de mon père d'où mon adoration por Florencia. Je suis comme toi, enfin, ma vie n'a pas été facile. Si tu veux, je peux t'aider à trouver cette chose qui manque à ta vie.
— Vous pouvez m'aider à découvrir les sentiments ? demanda Yvan avec de grands yeux.
— Bien évidemment ! Je suis un génie, tu m'as appelé en haut de cette tour l'autre jour.
Yvan ne comprenait pas de quoi il pouvait bien parler. Il n'avait pas l'impression de l'avoir appelé, il se souvenait qu'il fixait l'horizon grisâtre de Paris. Peut-être l'avait-il appelé inconsciemment, mais pourquoi ?
— Tu sais mon petit, je peux t'aider de bien des manières, il te suffit de demander.
Fernando bomba le torse du haut de ses un mètre soixante. Il portait une magnifique moustache qui pointait vers le haut. Il avait une queue de cheval blanche et de petites lunettes rondes. Yvan, en le regardant, ne savait pas quoi penser ; il voyait un homme élégant et pourtant tellement négligé avec sa robe de chambre.
— Vous dites que vous êtes un génie, que voulez-vous dire ?
— Je suis le génie de la musique ! Quand j'étais encore vivant, j'étais un grand chef d'orchestre et pianiste. Mais je suis mort assassiné par un homme terrible. À l'époque je vivais avec ma femme en Espagne et il y avait un homme monstrueux. Mais on en reparlera plus tard ! Laisse-moi te raconter une histoire, une histoire del passion, une histoire del Arte.
Il applaudit des mains et le paysage changea de teinte, passant du noir et blanc, les couleurs apparurent comme par magie. Fernando se tourna vers Yvan qui sentait alors en lui une drôle de sensation. Il n'arrivait pas à l'expliquer ; en voyant ces bâtiments colorés, cette vie, ces passants heureux, il découvrit alors le bonheur, le bonheur de contempler quelque chose de beau, le bonheur de s'émerveiller devant quelque chose d'aussi simple et naturel. Pour la première fois, il ressentait quelque chose de réel.