Chemin des drames
Jean Claude Blanc
Chemin des drames
« Ne chantez pas la mort, c'est un sujet morbide »
Ferré, sans illusion, anarchiste lucide
En appelle aux valeurs, aux vertus altruistes
Car les fous intrépides, se suffisent d'un hymne
Mais courent à leur perte, en voulant faire la peau
A leurs voisins cousins, pour mourir en héros
Parti comme en 14, cent ans, c'était hier
La France et les Germains, leur folie meurtrière
C'était tailler en pièce, l'Europe, à leur manière
Prétexte tout trouvé, pour se faire la guerre
C'est à Sarajevo que tout a commencé
L'archiduc Ferdinand, dans son carrosse doré
Apparente anecdote, on l'a assassiné
Soudain toutes les nations, avides de s'enflammer
Occasion s'écharper, longtemps que çà couvait
La gifle de 70, trop dure à digérer
A provoqué la honte, la revanche, la haine,
La France a dû céder, l'Alsace et la Lorraine
Ne faut pas s'étonner, que suppurent les plaies
Aussi des 2 côtés, grosse mobilisation
Au début enthousiasme, enfin résolution
Conscrits encore jeunots, armées de munitions
Chair à canons offerte, l'honneur en question
Jaurès en a subi, mortelle punition
Il n'en fallait pas plus, que les pays déraillent
Partis fleur au fusil, soudards livrent bataille
Baïonnette au canon, pour repousser l'infâme
Sanguinaire tuerie, sur le Chemin des Dames
Paysans, ouvriers, fonctionnaires et patrons
Sacrifiés pour la gloire, de funestes raisons
On a rayé de la carte, toute une génération
Pour borner les frontières, à plus juste dimension
Après ce face à face, redoutable péril
On empilait les morts, désormais inutiles
Chacun comptant ses pertes, pour refaire le plein
De jeunes innocents, la faucheuse meurt de faim
Assauts recommencés, pour gagner quelques mètres
Les poilus effrayés, pour s'allumer la tête
D'une rasade de gnole, se brûlaient le gosier
Car il fallait y aller, franchir les barbelés
Sachant que tout là-haut, les guettait la mitraille
Offrir sur un plateau, son âme, et ses entrailles
Gradés, simples bidasses, existence en sursis
S'efforçaient chaque jour de respirer la vie
Sans trop la déguster, à cause de l'ypéryte
Ce gaz asphyxiant, causant la mort subite
Duel sans pitié, pour une maigre conquête
Les Hommes se complaisent, à se changer en bêtes
Avec seul objectif, tenir coûte que coûte
Militaires étoilés, détestent la déroute
Partie de bras de fer, qui sera le plus fort
Quelle division brader, cogite l'état-major
Qui lui bien à distance, envoie gosses à la mort
Qu'il gagne ou qu'il perde, c'est lui que l'on décore
Au pays du mousseux, pétillant de Champagne
Le nectar du raisin, se change en sève humaine
La terre est recouverte, de montagnes de cadavres
La victoire se construit, sur un vaste ossuaire
Fleurissent les bleuets, sur les braves des cimetières
Moderne génocide, en masse on se trucide
En tombait par milliers, du côté de Verdun
Ceux qui sont revenus, pour toujours invalides
Eclopés, aliénés, malheur, on s'en souvient
Mon grand-père, pas héros, mais touché par la chance
Revenu des tranchées, corps entier, sain et sauf
Pourtant dans ses yeux clairs, on y lisait l'offense
Faite à ses frères d'arme, oubliés dans la fosse
Aux monuments fleuris, de larmes de crocodile
On énumère les noms, des morts pour la patrie
Evitant de citer, les flingués pour l'exemple
Ceux qu'ont osé rallier, objecteurs de conscience
Tunique bleue horizon, le visage livide
Venus de toute la France, enrôlés malgré eux
A 20 ans, c'est le temps, où l'on coure les filles
Sinistre désillusion, la mort au fond des yeux
Ne chantez plus les hymnes, qui charment les empires
La gloire, le sang impur, boucheries en devenir
Ces mots puent la fureur, et l'horreur de vivre
La guerre recommencée, condamne l'avenir
Les allemands, les français, se sont réconciliés
A croire que les peuples, commandent leur destinée
Ce sont les dirigeants, qui magouillent en secret
Le slogan « tous pourris », s'adresse aux roitelets
La République se meurt, d'extrêmes atrocités JC Blanc novembre 2014 (hommage aux poilus)