Cher ex bourreau.

mamselle-bulle

Chère Ex bourreau.

Ceci est un semblant de lettre. Lettre que tu ne recevras jamais. Dans ta perversion, tu trouverais cela jouissif et tu prendrais ces mots pour une marque d'intérêt.

Voilà 4 mois que nous sommes séparées. 4 mois que je redécouvre un sentiment de liberté perdu depuis presque 5 ans.

Alors en bonne captive soumise, bien sûr cela prend du temps. Il n'y a qu' à écouter des récits de prisonniers pour comprendre que ce n'est pas le jour même de la libération qu'on réapprend à vivre. Les barreaux de nos cages sont encore là parfois dans notre esprit pour faire obstacle à notre épanouissement.

Alors cher bourreau, tu l'auras compris, ceci n'est pas une lettre de remerciement. Non ceci n'est pas une lettre d'Amour mais plutôt un cri silencieux fait de haine et de gerbe.

À bien y réfléchir, je ne me souviens pas d'un jour ensoleillé avec toi. Si le soleil apparaissait brièvement, les nuages n'étaient jamais bien loin...

Aussi, je passais mon temps à être sur le qui vive. À m'efforcer de tout faire pour ne pas te contrarier.

Oh ! Je ne rejette pas la faute que sur toi. J'ai commis mon lot d'erreur également. Te laisser faire était d'ailleurs la plus grande. J'aurai du dire stop.

La première fois où tu m'as quitté et repris, te souviens tu ? C'était au tout début de notre "histoire". Ou peut-être à la première trahison. Tu sais juste après la mort de Y. Ou quelques mois après, quand après m'avoir juré que tu n'avais plus de contact avec elle je découvrais un message par hasard qui indiquait le contraire.

Est-ce là où j'aurai du dire stop ? Ou l'une des fois où tu faisais en sorte de gâcher les moments de bonheur. Mon sourire te dérangeait-il ? Je repense aussi à toutes ces personnes que tu as écarté de mon chemin. Habile tu l'étais, pour me faire croire, dur comme fer que c'était eux les responsables... Jamais toi, non jamais, il suffisait d'une larme pour me faire fondre. D'un "tu es la femme de ma vie" pour que je baisse la garde.

Comment as tu fais ? À quel moment t'es tu dis que je serai là proie idéale ? Comment as tu fais pour me faire croire chaque fois que c'était moi la coupable ? À quel moment n'as tu plus supporté que d'autres m'approchent, même amicalement au point de réussir à m'éloigner d'eux ? Au point de m'empêcher de mettre mon rouge à lèvre rouge qui disais tu "attirer trop les regards".

Tu retournais les choses en sens inverse constamment. C'était soit disant moi la jalouse, moi la tarée, moi qui aurait un jour ta mort sur la conscience si je partais, moi qui étais une abrutie qui devait fermer sa gueule.

Moi l'abrutie que tu as même réussi à convaincre de rentrer chaque midi en me menaçant implicitement de ne pas t'alimenter si je ne le faisais pas. Moi qui courait pendant mes 3/4 d'heure de pause dej'. 15 mn, à l'aller, 15 minutes de reproches en engloutissant mon assiette, 15 minutes au retour.

Non c'est vrai, vraiment, au travers de ces exemples, je m'aperçois comme tu le disais que je ne faisais rien pour toi. Que j'étais même certainement une mauvaise educ pour pas réussir à te comprendre. Conneries ! Foutaises ! J'ai fais tout ce qui était en mon pouvoir pour te prouver mon amour, te sauver, t'excuser, te comprendre, sans te juger, et puis réparer ce qui ne l'était pas.

Sauf que tu vois, à force de rafistolage de bricoleuse du dimanche, ben les fondations ont cédé, et puis ensuite c'est toutes les fondations de "notre couple" qui se sont effondrées.

J'ai commencé à parler de "pause", j'avais besoin, encore et toujours de chercher une réaction, de croire que oui tu pouvais changer, de me convaincre que oui il y a du bon chez chacun. Grâce à toi, j'ai découvert que non. Il y a aussi des personnes qui ne pensent qu' à elle. Qui pensent que le monde est en admiration devant leur nombril de femme tatouée.

Toi tu savais y faire. On arrivait quelque part et c'est vers toi que les regards se tournaient. C'est toi qu'on adorait. Et si j'avais le malheur d'ouvrir la bouche, tu me faisais taire en un regard. Tu prenais tout l'espace. Je n'avais plus la possibilité d'exister.

Après les humiliations ont pris le relais. Les moqueries sur mon problème de santé quand tu imitais ma respiration en public lorsqu'on parlait de nos footing. Et toi tu n'y comprenais rien. Tu ne comprenais pas que je courrai non pas pour moi mais parce que ta passion pour le sport m'y obligeait.

Parce que mes variations de poids allant jusqu'à 10 kilos de plus ou de moins t'amusaient. Parce que sans le dire directement je sentais dans ton regard le dégoût se posant sur ma graisse quand l'aiguille de la balance tirait vers le plus.

D'ailleurs à cette époque, tu ne m'as plus touchée. Je gesticulais devant toi pour me sentir au moins partiellement désirée et toi tu me sortais ton dégoût qui accentuait encore davantage le peu de confiance en moi qu'il restait.

Je gesticulais devant toi, sauf que je n'étais pas une personne à tes yeux, j'étais juste ce truc qui te faisait vivre. Tu te nourrissais de ma souffrance pour faire croître ton égo. Et moi je ne voyais rien. Je continuais de gesticuler devant toi, me contentant des miettes d'Amour que tu m'offrais. Me forçant à faire l'amour les rares fois où tu manifestais un élan. Parce que pour ça aussi c'est toi qui décidait.

C'est bien simple tu décidais de tout d'ailleurs. On me montrait un vêtement que j'aimais, mon regard se tournait vers toi et ton visage glacial me poussait à reposer l'article.

Certains tentaient de m'ouvrir les yeux sur toi. Mais je ne voyais rien et ils étaient automatiquement mis à distance.

Rares sont ceux qui sont restés. Et pour ceux qui s'accrochaient, ton bourrage de crâne rusé, habile et quotidien se chargeait du reste.

Tu me prouvais par a+b, exemple à l'appui que les autres ne m'aimaient pas. Que toi seule m'aimait, on allait plus dans ma famille, seulement dans la tienne.

Je n'avais plus d'existence. J'étais juste ton ombre, ton jouet, ta chienne.

Alors bien sûr parfois je m'opposais, réaction de survie qui me poussait à la défense et à ce que tu appelais "mes crises". Mais mes crises n'étaient jamais justifiées et c'était encore une fois moi la folle.

Dans cette danse macabre, c'est toi qui donnait le rythme, et si mon pas ne se calait pas bien sûr le rythme du tiens, j'étais rabaissée.

J'ai du mal à réaliser. Quand on me parle de perversion narcissique. De syndrome post traumatique. De maltraitance psychologique j'ai du mal à y croire. Les insultes étaient rares, c'était bien plus insidieux que ça.

Ne me restait alors que mon travail, que j'ai bien failli lâcher aussi car source de reproches nombreux "nan mais regarde toi tu as réussi ta vie professionnelle".

Parfois, je te demandais alors si tu étais jalouse de cette réussite et si je devais avoir honte de ça et tu ne répondais rien. Qui ne dit mot consent dit on...

Tu as même été jusqu'à gâcher mes résultats de D.E en me répétant que tu pensais que je serai major de promo. Mais comme je m'y attendais je ne l'ai pas été...Je suis seulement... arrivée quatrième ou cinquième de ma promotion.

Alors tu m'as à peine félicitée et à la soirée de résultats tu m'as humiliée en imitant ma respiration réservée au footing. Et comme ça suffisait pas, les seules minutes que tu as passées avec moi ce soir là (préférant manifester ton potentiel de séduction auprès des autres) tu m'as rabaissé devant mes collègues de promo en sous entendant que plusieurs fois tu avais failli me quitter tellement j'étais difficile à vivre.

J'ai tout ca qui me revient en mémoire.

Et celui du dernier week-end. Ces 2 jours de séquestration mentale si je puis dire. La perversion à son comble, le mauvais et le pourri à l'état brut. Et la prise de conscience.

Alors je t'écris, il m'a fallu tout ce temps pour te dire ça. Il ma fallu tout ce temps pour en parler sans larmes dans la voix. Il m'a fallu tout ce temps pour m'autoriser à te haïr...et parfois même prononcer une insulte en parlant de toi. Aujourd'hui la haine est encore présente mais j'espère m'en défaire au plus vite.

Tu m'as volé 5 ans. C'est à mon tour de vivre.

Je t'épargne les cordialement et autres conneries.

Avec tout mon dégoût.

Ton ancienne proie qui redécouvre le goût de vivre.

Tu m'as volé 5 ans. C'est à mon tour de vivre ... 

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