Cher papa

ivy

On la connait tous cette tristesse qui vous minent parfois.

Et pourtant tu sembles persuader que seul toi peut en témoigner.

Chaque jour, chaque matin, à ton réveil, chaque soir à ton retour,

Ce soupir qui revient inlassablement. De quoi parle ce soupir ?

Qu'est-ce que tu caches derrière cette simple expulsion d'air ?

Qu'est-ce que tu crois que l'on y comprend ? Que crois-tu nous dire ? Que crois-tu que l'on entende ?

Ta vie est-elle si compliquée que tes épaules s'abaissent sous tout son poids.

Tes épaules qui étaient si larges et solides dans ta jeunesse sont devenues, avec le temps, fragiles et tremblantes.

Ton regard, plein de malices et d'intelligence est aujourd'hui aussi sombre que tes pensées.

Tu es las, las de te lever le matin, las de travailler, de parler, las de sourire, de t'amuser, las d'aimer.

Ne reste que ce soupir et cette tristesse qui t'accompagne à longueur de journée et qui désormais te définissent.

Je ne pourrais dire d'où te vient cette lassitude, cet épuisement.

Viennent-ils de ton enfance passée dans les cartons d'Emmaüs ou dans ta recherche éperdue de reconnaissance ?

Surement, peut-être, je ne sais pas.

Tes lèvres restent clauses, ton regard demeure vide, tu ne dis rien.

Le passé restera donc passé, le présent demeure soupir et l'avenir en suspens.

De quoi sera fait demain ? Vas-tu enfin relever la tête et voir le bon côté des choses, le bon côté des gens ?

De mon côté, je garde espoir, que puis-je faire d'autre ?

Alors j'espère, j'espère que demain, non peut-être pas demain mais qu'un jour tu te lèveras et qu'à la place de ce soupir, je puisse entendre ton sourire.

J'espère qu'un jour tu arriveras au bout de ce tunnel, qu'un jour tu tourneras cette page noire

Et que la lumière revienne enfin éclairée ton chemin, ta vie et ton avenir.

Mais serons-nous toujours là quand ce jour viendra ? Encore une fois, je l'espère mais ne peut te le promettre.

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