Chère amie...

Elodie Delluca

Tourner une page, sauter à pieds joints dans la lecture d'un nouveau livre me rempli chaque nouvel an d'un mélange de joie, de nostalgie, de bonheur et de mélancolie si intense qu'il me faut l'écrire

Ma bien chère 2015,


Après ces quelques mois passés en ta compagnie, avant-hier nos routes ont du se séparer. Je n'étais pas particulièrement pressée de te quitter mais je dois reconnaître n'avoir ressenti aucun regret ni pincement au coeur à l'heure de te dire au-revoir. C'est plutôt l'âme légère et remplie d'une sincère joie que j'ai franchi le seuil qui allait définitivement m'éloigner de toi.


C'est étrange vois-tu : dans chacune des vies d'avant que j'ai partagées tour à tour avec tes semblables qui t'ont précédée, c'est toujours avec un brin de nostalgie que j'acceptais - un peu à contre-coeur - de faire ce pas vers la suite. Pourtant, aucune de celles que tu as remplacée n'avait ta force, ta douceur, ta détermination...


Toi et moi nous avons partagé beaucoup plus que du temps. Tu m'as accueillie moi, encore un peu défaite, sans doute abîmée par les autres et par l'attente de toi. Toi, tu as commencé douloureuse essuyant le carnage d'une liberté d'expression bafouée. Tu m'as fait peur. Pourtant, même en cette date d'anniversaire noircie, j'ai follement eu envie de t'aimer, tout de suite. Tu portais des espoirs fous, des promesses d'accomplissement certain, tu étais belle.


Ma douce, tenir ta main ces douze mois c'était revenir à la source, renouer avec mon essence, me retrouver. En prenant ta place dans ma vie, tu as su me révéler et je t'en remercie.


2015, au début de notre histoire je me suis montrée distante et studieuse, tu as su ne pas t'imposer. Discrète, tu m'as laissé écrire un joli pan de ma vie et c'est notamment grâce à ton soutien  sans faille que j'ai pu le valider avec succès. Tu n'as pas rechigné quand je me suis éloignée de toi à plusieurs reprises pour accomplir chacun de mes projets. Tu n'as rien précipité, tu m'as laissée éclore à mon rythme, palpiter quand j'en avais besoin. Jamais tu ne m'as reproché mes absences, mes départs aux aurores, mes retours tardifs et nocturnes. Tu m'as donné ta confiance et tu ne l'as pas retirée.


Ma belle, je t'en ai voulu quand sur tes murs apparaissait la photo d'un enfant allongé sur le sable ; je t'ai secrètement haïe lorsque tu regardais s'évanouir l'air libre de nos terrasses, de nos concerts, de nos vendredis soirs...


Mais je n'ai pas lâché ta main.


Notre histoire a pris fin d'un accord bien commun joué avec justesse sur la douce partition du temps.


Les derniers moments que j'ai passés avec toi m'ont confirmé que j'ai bien fait de m'accrocher à notre union. Comme un bouquet final, tu avais précieusement gardé ce présent que tu m'as offert avant de doucement, tranquillement, silencieusement t'éloigner. Alors que tu t'es sans cesse parée de drapeaux tantôt de révolte, tantôt en berne, tantôt vindicatifs, c'est une robe arc-en-ciel que tu as finalement enfilée et avec une grâce sans pareille tu m'as délicatement dit adieu.

 

2015, je tenais à te remercier pour avoir partagé en le teintant de mille couleurs ce moment important de ma vie. Je flirte déjà avec celle qui te succède et dont les yeux doux et un peu rieurs commencent à me charmer je l'avoue. Si nous réussissons elle et moi à nous entendre au moins le temps de quelques mois, sache que nous le devrons à la passion que tu a su me témoigner et à tes sourires que tu me laisses en héritage.


Mon amie, mon amour, belle année... adieu et merci.

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