Chère Ève. Cr-Ève.

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Bonsoir, Évangeline. Adieu.

Fuir, fuir et encore fuir. Elle tourne le dos à la vie.

Ses mains moites brassent l'air dans le vide. Elle court, court, chute.

Cette si belle silhouette, filiforme et brute qui zigzague entre les ruelles mordues de noir. Derrière elle, loin derrière, un chant écartelant, provenant d'une voix éraillée. Et elle a peur. La nuit elle-même ne tarderait pas à l'attraper dans sa course. L'homme derrière elle marche, et pourtant elle a l'impression qu'il la rattrape. Et il chante, chante, puis gueule.

C'en est fini de jouer, petite ! Braille-t-il sous un lampadaire clignotant.

Elle heurte un poteau, obstacle à sa vie. Elle tourne au coin de la rue, celle qui se termine en fossé. Elle hurle, plongeant les mains dans le noir le plus profond qu'elle ait jamais perçu. Loin d'elle, le chant rouillé a reprit comme une symphonie macabre. Cet homme est-il saoul ? Ça fait des années qu'elle ne cherche plus à y répondre. A-t-elle chuté ? Est-elle morte ? Elle ne sait pas, elle ne voit plus rien.

Merde alors, dit-elle en un sourire ironique.

On entend une bouteille se briser.

À moins que c'est elle qui éclate.

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