Chevalier Errant

CHEVALIER ERRANT

M'éveillant d'un lit de pierre,
J'erre seul dans la forêt :
Là où les ombres se terrent,
Mon coeur se fige, étant glacé.

La non-vie étant mon fief
Et les ombres mon royaume,
Mon âme, bâtie sans nef,
N'est que ligne sans la paume.

Mon Destin est d'observer
Ce qui meut un être heureux
Dans les fins de comparer
Mon néant à son coeur creux.

Sous le givre de lointains
Souvenirs épars et vieux,
Je cisèle d'incertains
Rêves où vivait le feu.

Mais le monde que je vois,
Présent, couard et limité
Ne pourrait servir de toit
A un noble chevalier.

Ainsi vont se refermer
Mes yeux vidés d'étincelles
Ma vie ne peut continuer
Que sous l'abri de ma stelle.