Chez Karl Lagerfeld.
effect
Avec Betty, nous faisons chaque fin de mois le tour de notre propriété en fumant une cigarette avec le chien. Tour que l'on fait afin d'une mise à jour quant à l'état des bâtiments.
- T'as vu, y a de la mousse bien verte qui s'accumule sur le bas du mur de la buanderie ! C'est normal ?
- Demain ma chérie, je donnerais un coup de karcher ! C'est sûrement à force de trop de lessive en poudre que les canalisations s'obstruent, provoquant par capillarité une remontée d'humidité dans les parpaings !
- T'insinue quoi ?
- Rien, je déduis !
- Tu déduis c'qui t'arrange ! T'es bien content d'avoir tous les jours du linge propre et qui sent bon dans ton placard ! Oui ou Non ?
Le linge est pour Betty une institution, tels que le sont les sciences, la politique, l'économie ou le mariage : chacun y trouve son compte de son point de vue.
Au début nous avions Georges pour nos soucis d'entretien. Il savait passer l'éponge sur à peu près toutes les petites misères du quotidien. Georges touchait tellement à tous les petits corps de métier que l'on ne s'apercevait jamais de rien. Notre propriété semblait sortir d'un magazine de décoration intérieure, de celui où le glacé des pages embellit la matité d'une construction. Georges était à sa façon, un retoucheur d'image : il arrivait à masquer les défauts par un peu de bidouille, à reboucher des trous par du plâtre, et par quelques pixels de modestie savait enfoncer les clous qui dépassaient pour mieux les faire disparaître.
- Tu t'crois Georges ?
Quand Georges disparaissait de la maison, c'était qu'il était à la plage. Non pas pour faire du char à voile ou récolter des coques, mais pour y nettoyer la grille du barbecue du samedi. Georges disait : « Y a rien de mieux que le sable pour ça ! La Spontex c'est zéro ! Faut du squelette de crabe pour bien griffer l'acier !»
Georges avait une infinitude de petits trucs dans son sac, formant à lui seul un tuto de connaissances pratiques. Il aurait pu faire autant de vues qu'une Sabrina dans sa piscine qu'un Claude François dans sa salle de bains, s'il avait su mesurer les conséquences de ses actes et toucher un peu plus à la souris 2.0.
Georges nous a quittés un matin, prétextant un emploi chez Karl Lagerfeld : : « Un chat au moins, ça pisse pas contre les murs ! »
...
"Avec Betty, nous faisons chaque fin de mois le tour de notre propriété en fumant une cigarette avec le chien."
· Il y a plus de 4 ans ·Bande de sauvage, c'est très mauvais le tabac pour les chiens. :o))
Hervé Lénervé
Les soirs, nous buvons un verre avec les chats :)
· Il y a plus de 4 ans ·effect