Chimères

hannibai

Il y a un an et demi, j'étais en dépression, loin de tout, seul, je pensais avoir atteint le fond. Puis une étincelle d'espoir, un feu follet, à su me tirer vers le haut, pour me faire entrer à HEC.

J'ai passé trop de temps a me laisser porter
A voir mes rêves prendre forme, pour devoir avorter
J'ai connu tous les stades, de l'échec à celui des princes
J'ai pris du retard, pensant que mes chances étaient minces
Je me suis relevé, pour aller de l'avant et pour me retrouver
Pour comprendre que ma voie est celle que j'aurais approuvée 
Pour comprendre que suis demain, j'ai quelque chose à prouver
Ca sera a moi, car j'ai encore quelques espoirs a couver

J'ai appris sans filet, sans profs ni proviseurs

Sans jamais me retourner, ni regarder le rétroviseur

J'ai construit cet empire, brique par brique, fait de confiance et d'ire

Fait de larmes et de joies, de détresse et de rires

La gorge sèche, à force de vivre dans un passé plein de poussières

Errant dans cette ville comme dans une jungle, comme en enfer

Chasser les rêves décédés, fatigué de plaider, mes épaules ont cédé

Elles hurlent, sous le poids de mes erreurs, sans pouvoir m'aider

Je marcherai seul sur cette route venteuse

Affrontant des tempêtes d'où pleuvent les préjugés

Ces faux-semblants qui poussent depuis tant d'années

Au sein de ce quartier à l'influence douteuse

Il n'est de réseau autre que la toile de la bête 

qui peu à peu te ronge, jusqu'à te faire changer

Jusqu'à ce que ton ego te fasse perdre la tête

Et mette tes amis et toi-même en danger

L'avenir se profile, plus brillant que jamais

Et pourtant il m'effraie, je n'ai connu que la peine

Ai-je mérité ces sourires, quand bien même je me pâmais

Lové dans un cocon de paresse, puis de haine.

Le chant des sirènes t'attire, la toile se fait plus dense

La bête revient, et te charme, t'invite dans la danse

La musique, le vin, les sourires, tout t'enivre

Tu plonge dans un courant auquel tu ne peux survivre

Des amis oubliés, des connaissances charmantes

Reviennent, et te séduisent, jaloux de ton succès

Vantant tes mérites, mais ces voix alarmantes

Te tirent peu à peu vers l'échec et l'excès.

Puis, les tapis de soie, et les paroles de miel

Se font monnaie courantes, quand tu entres dans la Cours

Des rois, et des Empereurs, qui sont si prés du Ciel,

Et pourtant se complaisent à attiser les peurs

Suis-je donc voué à cela ? A devenir une machine ?

Inconscient, insensible, cherchant à tout avoir

La richesse, les femmes, la moindre once de pouvoir

Cela justifierait le sacrifice ultime ?

L'angoisse lancinante de se réveiller sans rien

L'abandon de tous, même de sa propre famille

Partis peu à peu, quand je partais en vrille

Ne reste qu'une coquille vide, fossile d'un homme de bien

Non, ce n'est pas moi, ce miroir corrompu

Qui avilie les âmes, et taillade les vertus

Ce reflet est un mensonge, une chimère, une impasse

Alors, la Vérité apparaît, et le casse

Elle ne laisse pas la rancœur me changer, me noircir

Car la plus grande richesse est de pouvoir choisir

de vivre pour l'instant présent, sans devenir quelqu'un d'autre

Si je meurs demain, cet héritage est le vôtre

Je partirai fier, car j'ai donné tout ce que j'ai pu

Un nom dans la pierre,  pour un gamin disparu

Gravé sur ma dernière demeure, sous un saule pleureur

"Parle peu, agis bien, suis ton cœur"

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