Chimères
hannibai
J'ai passé trop de temps a me laisser porter
A voir mes rêves prendre forme, pour devoir avorter
J'ai connu tous les stades, de l'échec à celui des princes
J'ai pris du retard, pensant que mes chances étaient minces
Je me suis relevé, pour aller de l'avant et pour me retrouver
Pour comprendre que ma voie est celle que j'aurais approuvée
Pour comprendre que suis demain, j'ai quelque chose à prouver
Ca sera a moi, car j'ai encore quelques espoirs a couver
J'ai appris sans filet, sans profs ni proviseurs
Sans jamais me retourner, ni regarder le rétroviseur
J'ai construit cet empire, brique par brique, fait de confiance et d'ire
Fait de larmes et de joies, de détresse et de rires
La gorge sèche, à force de vivre dans un passé plein de poussières
Errant dans cette ville comme dans une jungle, comme en enfer
Chasser les rêves décédés, fatigué de plaider, mes épaules ont cédé
Elles hurlent, sous le poids de mes erreurs, sans pouvoir m'aider
Je marcherai seul sur cette route venteuse
Affrontant des tempêtes d'où pleuvent les préjugés
Ces faux-semblants qui poussent depuis tant d'années
Au sein de ce quartier à l'influence douteuse
Il n'est de réseau autre que la toile de la bête
qui peu à peu te ronge, jusqu'à te faire changer
Jusqu'à ce que ton ego te fasse perdre la tête
Et mette tes amis et toi-même en danger
L'avenir se profile, plus brillant que jamais
Et pourtant il m'effraie, je n'ai connu que la peine
Ai-je mérité ces sourires, quand bien même je me pâmais
Lové dans un cocon de paresse, puis de haine.
Le chant des sirènes t'attire, la toile se fait plus dense
La bête revient, et te charme, t'invite dans la danse
La musique, le vin, les sourires, tout t'enivre
Tu plonge dans un courant auquel tu ne peux survivre
Des amis oubliés, des connaissances charmantes
Reviennent, et te séduisent, jaloux de ton succès
Vantant tes mérites, mais ces voix alarmantes
Te tirent peu à peu vers l'échec et l'excès.
Puis, les tapis de soie, et les paroles de miel
Se font monnaie courantes, quand tu entres dans la Cours
Des rois, et des Empereurs, qui sont si prés du Ciel,
Et pourtant se complaisent à attiser les peurs
Suis-je donc voué à cela ? A devenir une machine ?
Inconscient, insensible, cherchant à tout avoir
La richesse, les femmes, la moindre once de pouvoir
Cela justifierait le sacrifice ultime ?
L'angoisse lancinante de se réveiller sans rien
L'abandon de tous, même de sa propre famille
Partis peu à peu, quand je partais en vrille
Ne reste qu'une coquille vide, fossile d'un homme de bien
Non, ce n'est pas moi, ce miroir corrompu
Qui avilie les âmes, et taillade les vertus
Ce reflet est un mensonge, une chimère, une impasse
Alors, la Vérité apparaît, et le casse
Elle ne laisse pas la rancœur me changer, me noircir
Car la plus grande richesse est de pouvoir choisir
de vivre pour l'instant présent, sans devenir quelqu'un d'autre
Si je meurs demain, cet héritage est le vôtre
Je partirai fier, car j'ai donné tout ce que j'ai pu
Un nom dans la pierre, pour un gamin disparu
Gravé sur ma dernière demeure, sous un saule pleureur
"Parle peu, agis bien, suis ton cœur"