chimères enfantines
Caroline Audouin
Bonjour je suis là
Je vous en prie, écoutez-moi
Pourquoi vous ne voyez pas
Que votre avenir dépend de moi ?
Vous êtes sûrs de vous, vous vous moquez,
Mais regardez la vérité : vous m'ignorez, vous m'humiliez
Et vous allez le regretter
Vous le pion, moi le joueur
Il est enfin venu l'heure :
Je vous dévoile vos erreurs
Vous comprendrez votre douleur !
Le monde entier était devant sa télévision, sa radio ou réuni devant un écran public. Aucun besoin de chercher l'information : tous les médias du monde se résumaient au même journal, au même journaliste. Tout le monde était concerné, voulait, devait savoir, du new-yorkais plein au as au pygmée rapproché pour l'événement de la civilisation. A l'affût de la moindre information, les hommes et les femmes de la planète avaient arrêté toutes activités. Zéro circulation, aucune usine qui fonctionnait, pas même une sonnerie de téléphone au loin. Toute vie sociale et professionnelle était figée.
L'information si attendue et si redoutée vint. Un journaliste au visage décomposé occupa l'antenne et sa voix chancelante fut reprise par la radio : « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir. John Smith est mort. » Puis l'écran devint noir, la radio se tut. Comme abasourdie, la race humaine quitta son refuge, tourna son regard vers le ciel et disparut. Les neufs planètes du système solaire se dématérialisèrent, ne laissant même pas une traînée de poussière derrière elles. Après se fut au tour de leurs satellites, des étoiles pourtant invisibles à ce moment de la journée. Alors le soleil s'éteint.