Chronique du râleuse muette I

Cléa Mosaïque

Un vendredi de janvier - vacarme sur l'oreiller

Allez lève toi. Tu as du boulot ! T'es pas drôle, t'es pas douée non plus. Tu cumules les audaces dans le vide, et tu l'as encore vidé ce verre et ta réserve de sourires. Ça a bien fondu, ton cynisme tu l'as avalé de travers mais rigoles bien fort, et tapez lui dans le dos comme des amis fourbes, il finira bien par vomir. Ne t'étouffes pas et lèves-toi, le soleil en réchauffe d'autres pendant ce temps là. On fait un jeu, on est sous la nappe de la table et on chuchote. C'est simple, et on gagne à la fin, promis. 

 

On disait que tu avais assez d'inspiration pour écrire sur...

Les pas fiers qui ne te mènent nulle part, le sommeil qui n'appartient qu'à toi, les inconnus qui se lèvent chez toi le matin, un corps que tu caches sans complexe sous une cape et un chapeau, le regard des autres, la solitude que tu convoques et qui vient combler tes particules, ce regard grave qu'on les gens qui réfléchissent juste dans l'espoir qu'on les regarde le faire, ceux qui ont abandonné, ceux qui essayent, ceux qui observent.

Les hommes qui grandissent et que tu vois, de tes yeux d'amie et d'amante, ces héros d'enfance qui se piquent pour survivre, ces vagues visages familiers que tu recroises, un nouveau costume sur le dos. 

Sur le manque de rythme et la précipitation, sur les gens qui attendent sur les quais et ne montent pas dans le train. 

Ces gens que tu surprends en train de te regarder en pleine conversation avec une amie, les yeux débordant de curiosité.

Le mauvais café des distributeurs, les conversations vides dont se contentent les peu heureux.

Ceux qui ont l'air de ne rien regretter, ou la chaude lumière qu'on aperçoit du train, que personne ne regarde et qui vient lécher les façades des bâtiments pour les réveiller,

Sur les p'tites bêtes qui grouillent dans ton torax ou les arbres qui se figent dans le ciel, laissant l'empreinte de leur dentelle floue sur la lumière.

Ces regards gentils à qui tu ne parleras jamais.

Sur ces puissances qui dirigent le monde sans scrupule au nom du peuple. Ah non, certainement pas là dessus finalement.

Sur l'incisive et chronique panique des habitants du XXIe siècle ?


Oh et puis laisse tomber, va te recoucher.



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