Chronique d'un ennui mortel - 3
kira
Mardi 10 Aout 2010 -
7h41, le téléphone sonne, mon iris se calcine alors qu’il s’ouvre péniblement, j’ai cette si commune impression de n’avoir fermé l’œil qu’une minute. Je me sens mourir, je manque de souffle, la musique tourne encore laissant Saez me hurler un flot de décibel que j’éprouve grand mal à supporter. Mes muscles sont endoloris par la fatigue, mes yeux teintés de pourpre tant il est peinant pour ces derniers de rester ouvert . Je vois tout au ralentit, incapable de faire preuve de mouvements imprégnés d’une once de réactivité. Chaque réveil est un combat, une ultime bataille éternellement remise au lendemain. Je me lève, je tressaille, je ramasse les vêtements de la veille car tout les autres s’adonnent à une grandiloquente orgie dans le tambour de la machine a laver. Mon pied heurte violemment le coin de mon lit, je jure, insultant sa pauvre mère qu’il n’a sans doute jamais connue. Il m’appelle, s’excuse, m’invite a le rejoindre, comme chaque matin je lui répète que je ne peux pas. Déodorant, parfum, brossage de dent, je n’ai pas le temps de prendre mes denrées matinales, mais j’ingurgite tout de même de quoi tenir jusqu'à midi et l’indispensable caféine essentielle pour les abonnés au forfait « 2-3h de sommeil par nuit ». Je vacille, claquant la porte derrière moi en partant ; « Ce soir je me couche plus tôt, ou moins tard ! » me dis-je alors bien naïvement.
10 minutes de voiture et je suis sur les lieux. L’air viciés du bureau me met une gifle supplémentaire. Je n’ai pas trop de retard, j’en aurai sans doute en revenant de la pause déjeuner, autant économiser. 7 appels ce matin, uniquement des chieurs et des ménagères mal baisées qui se réfugit derrière leurs relevés de compte pour oublier le goût qu’avait le phallus de leurs amants il y a des décennies. Ma charmante responsable me confit une nouvelle tâche, estimant que j’avais autre chose à faire que mes incessants aller-retour à la machine. La matinée est passée assez rapidement, 3 cafés furent nécessaire pour maintenir ne serait-ce qu’une bribe de mon attention (faute de d’avantage de monnaie, je ne peux en consommer plus). Il est 14h25, les salariés m’observe comme une étrange chimère, j’ai soif. 16h09, plus qu’une heure et je suis partis, dans douze je rejoindrai sans doute mon lit.