Chronique familiale 2

Il a confié sa mule à son cousin, celui avec lequel il s'entendait le mieux, avec qui il avait fait les 400 coups les après-midis pendant la sieste. Il lui a dit aussi en baissant le ton: "Garde un oeil sur Sara comme si c'était ta soeur. Je veux que tu m'envoies des nouvelles d'elle. Je ne veux pas qu'il lui arrive du mal." Le cousin a acquiescé en claquant sa main contre le bras de son cousin, il avait les yeux rouges d'émotion, comprenant qu'il ne reverrait pas son cousin de sitôt. Ils se séparèrent en une franche accolade viril et sincère. 

Notre homme, appelons-le Gabriele, a quitté sa famille et les siens en regardant droit devant soi, gorge serrée, ventre noué. Son coeur battait plus vite qu'à l'accoutumée, il n'a pas eu un seul regard pour la femme qu'il aimait. C' était encore une jeune fille mais elle promettait d'être une belle femme... Qu'il n'était pas près de revoir. Toute la famille était venue dire au revoir à Gabriele, son oncle l'a conduit jusqu'à la gare dans sa petite voiture, il avait une valise avec lui et un sac où sa mère avait fourré son pique-nique avec tout l'amour qu'elle pouvait.

Il a fait une partie du voyage avec un ami parti chercher fortune en Allemagne, c'est peut-être là qu'il irait lui aussi, après un séjour en France où il allait rejoindre des compatriotes, d'autres cousins, d'autres amis.

(à suivre)