Chronique familiale 3
aile68
Quand il est arrivé à destination, Gabriele avait le tournis et ses jambes étaient flageolantes, deux jours de train pour lui qui n'avait jamais voyagé autant, c'était le bout du monde. Son cousin Emilio l'attendait à la gare, il l'hébergerait le temps que notre homme trouve un logement décent. Il habitait en centre ville, en haut d'un immeuble sans ascenseur avec le cousin Franco qui était aussi son collègue de travail. Emilio et Franco comptaient présenter Gabriele à leur patron, entre cousins il fallait s'entraider. Gabriele était connu pour être un grand travailleur qui mettait du coeur à l'ouvrage. Ces dernières années il en avait assez de travailler pour son père pour trois fois rien, de se lever à quatre heures du matin l'été pour aller aux champs afin de fuir les grandes chaleur du jour. Il formerait une bonne équipe avec ses cousins plus âgés que lui.
... Il pensait à Sara le soir quand il se couchait dans la douce chaleur du poêle d'où pendaient des chaussettes noires qui auraient le temps de sécher durant la nuit. Un jour il retournerait au pays avec de l'argent caché dans la doublure de sa veste. Il aimerait rencontrer sa dulcinée qui ferait son pain au four du village, de la cendre plein le visage. C'était une drôle de Cendrillon notre Sara, fière et impulsive, tellement avisée qu'elle en était autoritaire. Gabriele s'endormait en s'enroulant dans la couverture grise qu'il avait ramenée du service militaire. Le matin quand il se réveillait le poêle était froid, chacun récupérait ses chaussettes, et se préparait pour l'aventure quotidienne que le destin leur réservait.
(à suivre)