Chronique familiale 5

aile68

Gabriele et ses collègues  sont restés trois jours en intempérie. Le froid avait glacé la neige, les sols étaient glissants, on circulait à peine dans la rue qui était devenue quasi déserte. Dans leur refuge en haut de l'immeuble, les trois cousins, ont beaucoup discuté autour du poêle, se sont racontés des histoires d'avant qui s'étaient passées au pays. Ce dernier s'était vidé de la quasi totalité de ses jeunes, ceux qui étaient restés s'occupaient des terres et des bêtes comme s'ils étaient les derniers gardiens d'une civilisation qui prenait fin. Sara défendait cette dernière bec et ongles comme s'il en allait de sa vie. Elle voulait rendre hommage à son père parti trop tôt et qui de son vivant défendait les paysans qui n'avaient que le droit et le devoir de travailler une terre heureusement bonne et fertile. Les livres, les journaux elle aimait ça, tout ce qui pouvait témoigner de la vie d'antan et d'une nouvelle ère la passionnait. Quand elle regardait la télévision chez Enza, sa cousine institutrice, elle était sidérée de voir aux actualités comme la vie changeait. Tous ces conflits, tous ces progrès censés faire avancer le monde la touchaient, la bouleversaient. Enza lui prêtait des ouvrages d'histoire et de géographie qu'elle consultait avec frénésie durant les longues journées d'hiver. Un jour elle écrirait une histoire sur son pays et les campagnes du Sud, elle en était sûre. Elle grandissait Sara et s'instruisait, elle qui avait quittait l'école à treize ans pour aider sa mère, fragile de santé. Elle aurait eu son diplôme d'études élémentaire facilement si elle avait continué l'école. Elle avait l'esprit vif comme l'aigle et calculait comme personne.  Un jour Gabriele a reçu de ses nouvelles par l'intermédiaire de Giacomo son cousin préféré. Il l'aimait toujours, six mois était passés quand il a reçu la fameuse lettre.

(à suivre)

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