Chronique familiale 8
aile68
Quand Gabriele a revu Sara, celle-ci faisait son pain, le visage plein de cendres, il aimait la voir comme ça, il avait l'impression de retrouver ainsi sa petite Cendrillon d'antan. Or il voyait bien qu'elle avait changé, c'était devenu une belle femme et ceci lui faisait mal à l'idée qu'elle l'éconduise encore. Sara s'est montrée souriante, l'a même appelé "le français" plus par affection que par moquerie, mais comment le savoir, c'était tout de même ambigu, Gabriele a pris le parti d'en sourire. Ses cousins et sa tante lui ont posé mille questions sur la France, la vie là-bas, le travail, le temps, les amis, les autres cousins qui s'étaient installés là-bas. La famille était grande, il avait l'impression d'être l'ambassadeur de tout ce monde qui avait choisi l'émigration, certains pensaient revenir, mais ils ne reviendraient pas à cause des enfants qui naîtraient, et de la maison qu'ils n'avaient pu construire au pays. Gabriele se sentait l'âme d'un oiseau vide, qui ne fondrait jamais de famille si Sara ne lui disait pas oui. Il pourrait partir en Allemagne ou même en Amérique, plus rien ne le retiendrait.
Sara avait le sourire hautain de quelqu'un qui a des projets et les cache avant qu'ils n'éclatent au grand jour. Sa cousine institutrice avait continué à lui prêter des livres et Sara avait étudié la nuit et durant les longues journées d'hiver. Elle en savait plus que le maire du village qu'elle remplacerait un jour, elle en était sûre...