Chroniques adolescentes bis

ysiscriten

Elle se montre et joue les aguicheuses. Son regard de petite fille s’est transformé en celui d’allumeuse. Toujours plus loin dans la provocation, toujours plus bas dans le vice. Des exploits dans les escaliers de son immeuble, elle en a à raconter, à ses copines, à ses camarades de classe, à qui veut bien l’écouter. Petite fille obnubilée par la popularité. Adolescente pervertie par les images télé.

Derrière chaque geste, derrière chaque mot qu’elle prononce se cache cette phrase pour le moins simpliste « montrez-moi que j’existe » et éminemment tragique.

Ce qu’elle aurait voulu c’est que sa mère le lui montre. Mais non, elle s’évertuait sinon à l’ignorer, du moins à la comparer à sa sœur aînée.

Le père était parti, depuis longtemps. Adolescente, elle sentit le besoin de séduire et de conquérir. Sa mère ne l’aimait pas, elle devait lui prouver qu’elle pouvait elle aussi être aimée.

Elle est enfin heureuse, enfin elle se sent aimée, mais jamais, ça ne dure. Jamais le même. Certains lui disent les mots qu’elle a envie d’entendre, d’autres restent muets, nombreux la méprisent. Elle trouve cela normal. Elle existe. Ces semblants d’étreintes lui suffisent. Elle a beau avoir mal, elle se tait. De toute façon qui va lui prêter attention, la réconforter, l’apaiser ou même l’écouter ?

Ses camarades ne l’écoutaient, elle le savait, que pour mieux la critiquer et alimenter leurs blogs en injures et ragots à son encontre, sa sœur la méprisait, quant à sa mère, elle la haïssait. Sa vision déformée de l’amour et sa méconnaissance du respect de soi l’ont détruite. Et ce n’était qu’une petite fille.

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