Chroniques du sexisme ordinaire : chapitre premier

Bruno Francomme


On a vite fait de mélanger l'inné et l'acquis quand le besoin s'en fait sentir. Dans les rapports hommes/femmes, aujourd'hui comme hier, tous les stéréotypes sont basés sur un ordre prétendument « naturel »... qui ne résiste que très peu à l'analyse. C'est d'ailleurs tellement évident que quand vous soulignez la nature conventionnelle de tel ou tel comportement, on ne vous contredit même pas, on vous reproche d'user d'arguments mille fois ressassés...


Car il est vrai qu'en dehors de la procréation stricto sensu, tout est culturel, tout est question de partage. Le problème, c'est qu'en étant à la fois juge et partie, le mâle a partagé à sa convenance. Et le temps a fait le reste : « ah, mais ça a toujours été comme ça, on ne peut rien y changer... etc... ». Bref, il vaut mieux une bonne vieille injustice séculaire que l'aventure (la chienlit) d'une remise à plat.

Nous voilà donc dans un monde baigné de sexisme plus ou moins larvé, dont les femmes sont les principales victimes : les principales, mais pas les seules !


De la même manière qu'en traitant des gens d' « anormaux », on traite indirectement tous les autres de « normaux », ce qui ne leur fait pas forcément plaisir, en cantonnant les femmes dans un registre donné, on emprisonne les hommes dehors !

Et c'est insultant d'être considéré a priori comme un gamin attardé, à la recherche permanente d'une mère pour lui repasser ses chemises ou lui «faire à manger », ou à la recherche d'un coup à tirer.


Et c'est irritant qu'on vous imagine toujours comme a priori intéressé par les voitures...
Et y'en a marre qu'on veuille nous faire jouer les pères gardiens de l'autorité, à côté de mères forcément douces, mais qui auraient (bien sûr) toujours besoin de nous.
Et c'est franchement insupportable  qu' en cas de divorce, on vous demande pourquoi vous voulez la garde de vos enfants : poserait-on la question à une mère ?

Arrêtons une fois pour toutes de considérer le sexe comme une ligne de partage pertinente en tous domaines, comme on a arrêté un jour de considérer la phrénologie comme une science. A suivre...

Copyright B. Francomme 2002

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