Chroniques sensuelles d’un os à moelle

marine2212

L'expérience gustative d'un américain dans un bistrot parisien...

   Quand le garçon lui apporta son plat, je surpris l'imperceptible écho de son dégoût. L'homme jaugea l'os à moelle. Pour l'aider, je fis crisser le sel de Guérande entre mes doigts et poudrai la chair fumante. J'en beurrai une tartine brûlante et croquai avidement. Le suave contact de la substance gluante et salée sur mon palais affamé éveilla mes sens. Surprise par cette molle volupté, je frissonnai. 

   Voyant tout danger écarté, il tailla dans le velouté saumâtre. Une dernière hésitation. Il croqua. A pleines dents, paupières closes. Sembla appréhender la déferlante gustative. Avala. Mes yeux étaient pendus à ses lèvres.

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