Cigarette

marethyu

On est tous là, comme des cons, à traîner au hasard des rues. On ne fout rien. A vrai dire on ne fout jamais rien. On se contente de marcher les uns à côté des autres en silence. L'ambiance de dingue ! Et puis d'un coup Benjamin s'arrête. Il dit "J'ai tapé un paquet de clopes à un mec ce matin. On se le partage ?" Tous autour de moi acquiescent, contents de ne pas avoir à dépenser de tunes. Moi je ne fume pas mais comme je ne veux pas passer pour un con ou un lâche devant mes potes j'en prends une aussi. Ben le remarque et me lance, un sourire aux lèvres "C'est cool ! Tu deviens enfin un vrai mec...". Je ne réponds pas. Le briquet tourne et bientôt je me retrouve avec une cigarette allumée entre les doigts. Aucune envie de la mettre dans la bouche mais je ne peux plus reculer. Je lève la main, pose la clope entre mes lèvres et aspirent doucement. La fumée me rentre dans la gorge. J'ai l'impression d'avoir la langue, le palais et les cordes vocales en feu. La fumée âcre me brûle horriblement et je recrache plus vite que je n'aurai voulu. Je me retiens de justesse de tousser. Les larmes me montent aux yeux et j'éloigne la cigarette de mon visage pour respirer un air sain. Je remarque que Ben me fixe. Il me demande "Alors ?". Je sais que si je réponds, ma voix va me trahir, alors je prends mon courage à deux mains et prends une deuxième bouffée. Il a l'air content. Le goût du tabac était aussi mauvais au deuxième essai qu'au premier. Je finis difficilement ma clope.

Le lendemain, Ben me repasse une cigarette en disant "puisque tu t'y es mis...". J'ai envie de m'enfuir plutôt que de retenter cette expérience abominable, mais je n'ose rien dire. Ni cette fois, ni les suivantes. Je finis sinon par y prendre goût au moins à devenir dépendant. Je m'achète des clopes pour les fumer tout seul. Ce n'est plus pour faire le mec devant des potes, j'en ai maintenant besoin. Je vous ai dis au début qu'on étaient cons à traîner dans les rues sans rien foutre. Mais je crois que c'est maintenant que je suis vraiment devenu con

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