Cinéma

leto

Court métrage. Ne pas de quoi en faire une scène !

Modeste cinéma dans une pièce de théâtre, situé dans la capitale.


  Une jeune demoiselle, en robe à pois, devant la cabine demande un ticket pour un film romantique, elle est seule. C'est un soir d'été, la vingt-et-unième heure de la journée sonne. Un ciel plutôt doux, sans nuage. Il fait agréablement bon, ses bras sont à découvert, elle porte de fins talons, ainsi qu'un joli collier de perles noires. Elle s'installe, et les lumières s'éteignent. Elle se retourne et s'aperçoit qu'elle est seule, dans ce si grand cinéma. Le projecteur donne un sens à la toile blanche, l'histoire de ce film est assez étrange, les images en noires et blancs dressent une époque lointaine. Pendant le film, elle décroche soudainement, ressent une présence au coin de la pièce, à l'arrière sur sa gauche. Elle jeta un coup d'œil, mais il n'y avait personne.

Elle revint face à l'écran géant et sursauta.

Un homme était assis à deux sièges d'elle, dans la rangée sur sa droite. Un homme élégant de son âge, vêtu d'un beau chapeau. Il semblait porter un smoking, dans l'obscurité elle aperçut les rayures de son pantalon lisse briller au travers d'une scène lumineuse. Elle le regarda un instant, sa tête était rivée sur le projecteur.


"Pourquoi s'est-il assis à coté de moi, malgré toutes ces places vides ?" Pensa-t-elle.

Elle tenta de se replonger dans son film, du chemin allant du visage caché de l'inconnu, jusqu'à la toile. La jeune femme entendit un soupir, tourna rapidement son visage vers la scène, afin de voir ce qu'elle y avait manqué, la bouche entrouverte, les épaules légèrement décollées du fauteuil rouge. Elle figea sa respiration, c'est la scène du baiser ; lorsque les acteurs s'embrassèrent, elle rougit dans le noir, chercha du coin de l'œil la silhouette de l'homme, attirée par un reflet brillant. Une larme coulait silencieusement le long de sa joue. 

"Un homme sensible aux films à l'eau de rose, ne venant point accompagné, c'est intriguant."

Au trois-quart du film, il se leva soudainement, s'approcha, et lui demanda pardon afin de traverser. Niaise, elle sourit et plia ses jambes sur le côté, il la remercia. En passant, sa main caressa ses collants.

Ses yeux s'ouvrirent en grand, mais elle resta muette, comme ce vieux film. Il continua son chemin et quitta la salle sous le regard surpris de la jeune femme.

"Il m'a simplement effleuré involontairement, c'était un accident dont il ne s'en est même pas aperçu !" Se rassura-t'elle, et retenta une fois de plus de se replonger dans son film. La scène finale arriva : elle le sentit, émue, elle sourit.

The End.

S'affiche enfin, en blanc sur fond noir au milieu de l'écran. Au moment où les lumières s'allumèrent, un bouquet de 6 roses rouges l'accompagnait sur le siège à sa droite. Elle tourna brusquement la tête vers la gauche, et senti des lèvres sur sa joue. Surprise, elle échappa un léger cri. C'était son voisin de film, elle ne l'avait pas vu revenir en salle. Les lumières montrèrent un homme séduisant, les yeux bleus comme la mer. Elle s'excusa nerveusement d'avoir crié, et il lui répondit d'une voix, à la fois douce et forte mais sensuelle, dans le creux de l'oreille, à demi-mot :

"Je n'ai pas fini de vous faire crier Mademoiselle!" Et se jeta sur elle.


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