Coeur de Fauve

ju1139

Hommage au groupe de musique Fauve. En essayant de respecter leur univers et avec les titres d'un maximum de leurs chansons.

8h du mat', j'émerge doucement. J'me réveille sur la banquette arrière de ma voiture. Et elle est là elle aussi, encore endormie après nos nuits fauves des jours passés. Je l'admire dormir sur cette vieille banquette. Elle et moi c'est compliqué, c'est hors du temps, c'est passionné. Notre histoire c'est un peu celle d'un fauve dans les yeux duquel on pourrait voir toute la déchéance humaine. C'est vrai, dormir dans cette voiture enfumée au milieu de toutes ces bouteilles de Jack, ça fait peur quand même quand on y pense. Et j'repense à notre histoire à elle et moi, à notre rencontre sur du rub a dub et à nos engueulades dans tout ce blizzard.

                A la base j'étais de ceux de Sainte Anne moi, sans rien, sans ressource, juste avec mes potes. J'croyais être un mec de la rue moi, du ghetto à l'américaine comme j'disais. Mais j'étais juste piégé par la loterie. Car notre monde c'est juste un hasard universel et impénétrable. J'étais rien d'autre qu'un voyou moi.

                Puis j'l'ai rencontré et j'l'ai emmené faire le tour des 4000 îles en amoureux. Elle m'a changé puis m'a quitté. J'étais devenu comme Kané à ses yeux : une obsession qu'elle repoussait. Elle m'a tué, elle a éliminé le requin-tigre que j'étais.

                Mais ils étaient là, eux, pour moi. Vous savez, ceux que j'appelais mes vieux frères, ceux qui faisaient la lumière au bout du tunnel qu'elle a construit autour de moi. Mais vous savez, c'est pas que j'l'aime pas mais j'avais besoin d'une infirmière, d'une beauté des îles qui vienne panser mes plaies.

                Puis un jour j'l'ai revue. Elle dansait sur du rub a dub avec un autre gars. Voilà pourquoi j'lui ai écrit cette lettre à Zoé, à mon amour de jeunesse et de toute une vie. J'extériorise là parce que j'veux pas retomber quelques année en arrière, être pris pour un con et tout c'qui va avec. Parce qu'aujourd'hui la jeunesse talking blues et ça fait peur, ça fait mal.

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