Collation

bliznieta

1ère publication

*Tu veux que je t'en colle une ?*

Le regard empli de crainte et de naïveté, cette question en appelle une autre intérieurement :

Qu'est-ce qui a bien pu déclencher la première ? Quels signes ai-je pu envoyer pour installer ce doute quant à ma volonté de me faire gifler ?

A vrai dire, foncièrement... Non je n'ai pas une folle envie d'accueillir cette main baguée sur mon visage mais que répondre ?

«Non merci»?

«Allez ok, une petite mais vite fait, après tu me fous la paix »?

Jamais je n'ai su trouver une réponse potable à ce genre de question. Pourtant, j'en ai entendu un paquet et chaque fois, j'imaginais des réponses inédites en attendant le tirage au sort final.

Tantôt la gifle tombait précise et sèche, de celles qui te stoppent net ton compteur de réponses imaginaires! Un simple «fous-moi le camp dans ta chambre» écourtait parfois ce silence. Certainement la conclusion que j'appréciais le moins, un peu comme si tout le monde était déçu à la fin d'un match. Oh, bien sur je n'appréciais pas non plus la volée de coups éventuelle mais là, au moins, ça donnait pas mal de possibilités de réactions d'un coté comme de l'autre. Résister tel un roc face aux embruns, jusqu'à ce moment fatidique où une côte plus lâche que les autres cède face à l'ennemi. Feinter la douleur dès la première averse afin d'éviter la grêle finale. Forcer le ciblage sur une partie de ton corps discrètement afin d'éviter que cette salope de côte ne te fasse faux bond encore une fois ! Le combat de regard ? Le sourire narquois ?

Bref, un panel d'interactions bien plus variées ! Finalement cette question initiale... On aurait dit le coup de feu de départ d'une course dans laquelle seraient impliqués l'arbitre et un participant. Ce genre de course où l'on se crée les obstacles à tour de rôles, un peu d'amour, un peu de déception, de la fierté, beaucoup de fierté, toujours mal placée...

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