Colosseum II – Strange New Flesh (1976)

Philippe Cuxac

Dark Side Of The Moog

Après le split de la 1è incarnation de Colosseum, le batteur John Iseman souhaite remonter un groupe mais cette fois, l'accent sera mis sur la fusion, genre à la mode en ce milieu des années 70 même chez les rockeurs racés, n'oublions pas que c'est exactement à cette époque que Jeff Beck aborde aussi ce style musical. Il s'entoure d'une belle brochette de musiciens, Don Airey aux claviers, Neil Murray à la basse, Mike Starrs au chant (que l'on verra dès 1978 rejoindre les Lucifer's Friends en remplacement de John Lawton) et Gary Moore chargé de dynamiter les compositions du groupe.

Autant dire que l'album déroutera ceux qui ne connaissent que de Gary Moore sa période Hard Rock ou Blues. Rien de tout cela chez Colosseum, même si parfois leurs longues suites suintent d'une violence rentrée. L'album démarre sur les chapeaux de roue avec Dark Side of the Moog dont l'intro rappellera par moment celle de Close to the Edge de Yes et tout de suite, force est de constater une rupture totale avec l'ancien Colosseum, la musique du combo fusionne jazz, rock et progressif dans un maelström infernal. Le titre suivant, Down to You, ralentit le rythme et introduit le chanteur Mike Starrs pour une pièce à rallonge qui mêle diverses ambiances. Hiseman démontre tout son talent de batteur sur Gemini and Leo tandis que Gary prend enfin ses marques avec un solo qui démontre son éclectisme et facilite l'écoute de ce titre un peu complexe. Le guitariste en rajoute une couche sur A Secret Place en assurant la seconde voix et une partie de guitare qui ravira les amateurs du genre. Pause tendresse avec On Second Thoughts qui, par certains côtés fera penser à du Gino Vanelli et sera traversé de solos de guitare aiguisés, courts embryons de ce que Gary démontrera plus tard sur ses titres emblématiques tels que Still Got the Blues, Empty Rooms ou Parisienne Walkways. La longue suite Winds ferme la marche et c'est l'occasion d'apprécier le travail de Don Airey (pas encore dans son trip Star Wars meets Gentille Alouette qu'il affectionne depuis qu'il a intégré Deep Purple) qui dialogue avec la guitare de Gary qui, s'en en mettre plein la vue avec de vains artifices techniques démontre un brio et un feeling incomparable. On ne dira jamais assez combien ce guitariste était bon, ses influences très larges et son jeu modulable à loisir

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