Comme si...
Fanny Finet
Comme si on ne s'était jamais rencontré.
Comme si tu ne m'avais jamais dis que j'étais l'amour de ta vie, celle qui serait la mère de tes enfants. Comme si je n'avais pas eu cet enfant de toi. Comme s'il n'avait pas grandi sous mes yeux, te ressemblant de plus en plus.
Comme si tu n'étais pas parti, toi, son père, avec une autre femme que moi.
Un enfant, pourtant, Thibault, 13 ans, avec un père par intermittence. Et finalement absent.
Comme si tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Comme s'il suffisait que je ferme les yeux de toutes mes forces pour les rouvrir et nous voir là, de nouveau, en train de dîner autour d'une table. Le soir. Moi d'un côté de ton fils. Et toi de l'autre. Comme une vraie famille, une toute petite famille, tant pis, ce n'est pas grave, sans frère ni sœur, sans chien, juste nous trois. Un rêve, juste un rêve.
Des mois que tu ne réponds plus à mes courriers. Des mois que tu oublies ton fils.
Comme si refaire sa vie signifiait effacer tout ce que tu avais vécu avant, avec nous. Comme si tu ne savais pas tout cela, toi, professeur émérite à l'université des sciences humaines.
Et moi, qui t'attends encore, espérant que tu reprennes tes esprits, imaginant que tout cela n'est qu'une mauvaise passe. Tu verras bien que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, tu reviendras, c'est sûr. Tu m'avais toujours dit que tu m'aimais. Et puis, il y a Thibault.
Ton fils, une chaîne enserrant tes chevilles, un boulet qui t'empêcherait de fuir... ai-je pu me dire. Avant, quand j'espérais encore.
Tu dois te demander quelle mère je suis, pour penser de telles horreurs, n'est ce pas ? Se servir de notre fils pour te retenir. Comme si c'était possible.
Toi qui ne fais jamais de vagues, qui arpentes la vie comme un caméléon, à l'abri des sursauts et surtout en évitant l'esclandre.
Toujours correct, hein ? Comme si tu ne m'avais jamais dit que tu partais en séminaire alors que tu rejoignais cette femme, comme si je n'avais pas vu que tu te tortillais les mains quand tu me disais cela.
Et moi. Souriante. M'obligeant toujours à regarder mon torchon plutôt qu'à écouter tes mensonges, t'évitant le désagrément de croiser mon regard.
Aujourd'hui, tu crois que je n'ai rien vu, rien compris.
Loin de moi, tu continues à faire comme si tout devait se dérouler selon tes propres envies. Et moi, complice de ta lâcheté. En train de raconter à ton fils que son père reviendra un jour, c'est sûr.
Comme si la vie ne devait être qu'une pièce de théâtre. Avec fin heureuse obligatoire.
Comme s'il pouvait y avoir des représentations ratées. A cause d'une mauvaise troupe. D'un mauvais public. Comme si ce n'était pas grave. Penses-tu. Comme si moi et Thibault étions ces acteurs inutiles...
Alors, pour ton mariage, Cher Henri, je te souhaite le pire four de ta vie.
Un four pour lui entre les petits fours sans doute délicieux ... que reste-t-il de nos amours si ce n'est une pâte brisée ???
· Il y a presque 11 ans ·akhesa
hihihi jolie métaphore filée !
· Il y a presque 11 ans ·Fanny Finet