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amaende

« Bonjour. Euh ? ... T'as du feu, s'teupl ? »

Voilà ! Ça a exactement commencé comme ça ma première fois. ...un truc comme ça. Un prétexte pour un autre. A croire que je fumais uniquement pour ça. La convivialité d'un verre et d'une clope. A défaut d'avoir de l'appoint et du propos.

C'est vrai ça, pas évidant de dire « ça te dis de coucher avec moi, ce soir ». Une invitation claire. ... Qui soit aussi une proposition sans aucune obligation de quoi que ce soit... Oui-non ; tant mieux-tant pis ; cool ou désolé... etc...

Et, à part certains endroits, à certaines heures toutes aussi profondes, où les gens sont spécifiquement et malheureusement uniquement pour "ça", il faut un minimum de présentation. De contact(s) avant contact(s).

Je ne sais pas comment font les autres mecs avec les filles. Je ne l'ai jamais trop su, d'ailleurs. Mais ces premiers mots, cette première attitude juste avant... c'est quand même quelque chose.

Enfin il est clair que c'est bien plus simple maintenant. Et ce sans parler d'internet ou de réseau sociaux de dé-socialisés... Non c'est plus simple avec l'âge et l'expérience.. Et puis ce n'est plus la "première fois" !

Pour moi cette première fois, n'était pas exactement la première.

J'ai eu une vie avant. Maintenant, remarquez, j'en ai deux... Mais bon c'est autre chose. A l'époque et par rapport à tout mon entourage, je donnais le change. Et vu que j'en avais rien à foutre, c'était assez aisé pour moi. Je passais d'une à l'autre sans aucune peine à part peut-être un peu pour elles. ...ou du moins pour celles qui s'étaient plus ou moins amourachées de moi. Surtout que je me condamnais au silence. Impossible de leur dire, vous pensez ! Et quand on ne dis pas, on ment par omission, n'es ce pas ? Et je n'aime pas mentir à un cœur en peine... Mais bon, lâcher le morceau dans mon mini Landernau perso, c'était se griller à jamais. Voir même avoir des problèmes en rétorsion de représailles.

Alors un jour je suis allé voir de l'autre côté de la barrière. Un peu comme la chèvre de Monsieur Seguin : super accueil de jour et un grand méchant loup la nuit arrivée : trop bon souvenirs. Maintenant que se sont donc des souvenirs....

Quand j'écris "de l'autre côté de la barrière", je parle d'une barrière sociale et pas d'un espace qui ne m'est pas destiné. J'étais, je suis et je resterais de ce groupe là. De ce "genre" là. Certes je joue aussi aux filles, mais c'est juste pour dépanner ou donner le change au boulot. Si je m'expose ainsi et toujours aux bras des plus belles filles du monde, c'est uniquement pour vivre caché, car heureux. Enfin.

Mais...

Moi ce qui m'attire, ce que je désir, ce que je veux, ce que j'aime, c'est ceux qui m'attirent, ceux que je désir (tous), ceux que je veux (certains) et ceux que j'aime (plus rare). Définitivement : les mecs !

Et j'en suis un, au fait.

Et un mec et un PD.

J'ai donc gagné la capitale régionale la plus proche. Je pense que c'est venu de moi. Entre mon sourire d'être enfin "à la maison", mon envie d'innocent de l'époque, ma candeur de désir, ou simplement le fait que j'étais un peu moins sur mes gardes sociales, mes frères de charme m'ont super bien accueilli. Autre précision, je suis plutôt mignon et bien gaulé malgré mon inaptitude doublé de mon rejet à tout travail physique. Merci papa de m'avoir refiler ta silhouette. Merci aussi maman pour cet hâle de peau naturelle.

Faut dire aussi qu'un arrivage de chair fraîche avec un n'ak-ssant de cul-terreux, c'est très exotique pour la capitale du nombril régional. D'ailleurs, dès la nuit arrivée et les premiers verres d'homme tombés, les propositions d'avenir radieux n'ont pas trainé. J'avais un week-end, je n'étais pas pressé. J'avais aussi une vie à faire, alors les petites frappes de comptoir devaient faire un minimum d'effort pour avoir mon petit cul.

D'ailleurs c'était La Question. Moi ou lui ? Qui allait faire l'homme ? Innocent que j'étais... Mais bon, c'était mon dilemme à cet "instant t'es là". Partager ce genre d'intimité me semblait hyper problématique. Je comprends pourquoi certaines nanas ont une totale aversion pour la chose. Moi j'avais pratiqué avec certaines de mes copines de l'époque. Mais c'était donc moi qui pénétrait. Et suivant les nanas, c'était plutôt pas ça, pour elles. Pour moi, à part un ou deux doigts dans le cul des plus joueuses, rien de signifiant. Bien sur je m'étais plusieurs fois godmichouné l'anus avec des trucs plus ou moins, gros, long ou iconoclaste. Mais c'est moi qui gérais le tout. Quand à me faire prendre furieusement par le club des rugby-man gay-bourrés du coin, ou le premier reloo de junky défoncé au crack, bof. Très bof, même. Même dans mon pire des meilleurs fantasmes qu'on me viole sauvagement genre carotte rapée contre le mur de béton, je suis plutôt a mener la danse à défaut du bal, si vous voyais ce que je veux dire...

Pareil, inutile de me projeter m'offrir le prince charmant de magazine de charme pour cette première. Avant de penser amour, faudrait peut-être que je "m'accepte de m'aimer" comme je l'ai sortie un jour à mon psy. « Intéressant cette dernière tournure de phrase, 50 euros s'il vous plaît, à la semaine prochaine, merci ».

Non ce que je voulais, c'est m'offrir mon premier mec. Mais juste un mec.

Alors ce ne fut pas un nerveux, le gars. Du « t'aurais pas du feu ? » à ce que le mien dans mon calbute n'en tienne plus, il m'a fallu me taper mon paquet complet, ses discussions et deux fermetures d'établissement de nuit plus ou moins gloque et "gaie". Fin raide et bourré, je me suis juste absenté pour aller aux toilettes de la dernière boîte.

Là je me suis fait peur. Trop repair' avec mes fringues de paysan du Kensas descendu en ville, j'ai commencé à me faire coller serrer de près par toute une faune de soiffard du cul. Pas besoin, ni d'un bonjour, ni d'un merde, « on » (pronom indéfini, donc) te paluche, te tape les fesses, te pince, t'embrasse dans le cou ou te galoche complet. Sans parler des bousculades sans faire exprès. Donc, vous imaginez bien : tout dans la tendresse et la possibilité en filigrane de proposition d'un possible peut-être si tu le veux bien...

De trop mort de rire de cette rustauderesse de désespérés, tu les as toute petites de ne plus voir la petite lumière verte de sortie de secours en haut à droite de ta parano de tête.

T'embraye vite fait ta cible de ce soir sous le bras, et tu lui propose de bouger : soit le mini bar de ton hôtel, soit chez lui. Ou ailleurs, mais en tout cas ailleurs qu'ici bas (très bas). Déjà que les boîtes c'est la mort, je ne vous fais aucun dessin des fins de boîtes, et encore moins de portrait robot des fins de boîtes gay...

Sauvé et au plus simple pour tous : chambre d'hôtel propre avec douche et mini bar amélioré par mon bar tabac perso et transportable.

Avec un joint dans le bec, mon premier mec s'est trouvé moins con cul serré. Ouf. On a commencé à se coller, puis s'embrasser et se palucher l'un l'autre. Ma pression interne montait de plus en plus, fallait que je fourre. Pareil pour lui. Je lui ai demandé « Comment on fait ? ». Aussi simple que ça. Inconvenant aussi, je l'ai de suite appris. Y'a des fois je suis trop con, hein ? Bien cassée, l'ambiance.

Et lui de répondre : « Bin : on tire à pile ou face. ». Pas une intonation de tac-o-tac, d'humour, de question, de défiance, ou un truc comme ça. Ça m'a bloqué, genre comme si j'avais mal entendu, ou que l'on parlait de deux choses différentes. Bien cassé et hors ambiance.

Je suis allé pisser encore un canon. Il m'a suivit. Nous avons défoncé cette salle de bain. Entre les jeux d'eau et notre perpétuelle lutte pour savoir qui allait enfiler l'autre, et par où, ce fut assez sportif. Très vite notre terrain de jeu a débordé sur toute la chambre. Beyrouth Centre en 1982 dans 15 mètres carrés.

C'est lui qui ma sucé le premier. Les jambes "prises", fallait que je m'allonge.

Toujours à fourrer de la fille plus pour me débarrasser de la besogne, je n'aimais pas qu'elles me sucent. Pareil je n'avais jamais trop formaliser la chose de me voir sucer par  un mec. J'ai profité qu'il m'entreprenne à toque, pour lui faire pareil. Plus il me faisait grimper dans les tours, plus je le pompais. Pour un truc qui ne m'avait jamais trop dit, ce fut bien bon. Il en avait, de ce que je m'en souviens une belle et en forme. Rien de spécial, mais une bonne base de jeu. Comme quoi, la discrétion ça paye toujours.

Et je ne suis pas connu pour ma grande oralité, mais il s'est mis à éjaculer dans la bouche. J'ai rien senti venir. Surpris et à la limite du vomi. J'ai préféré quand même avaler plutôt que de m'étouffer.

Résigné et dégouté après mon retour de la salle de bain, j'étais encore un peu loin de mon compte. Mais je suis revenu tranquille me mettre dans ces bras. C'est là qu'il s'est retourné, comme le vaincu, pour s'offrir à moi. Je me suis sentis obligé. J'ai enfilé la capote qu'il avait trouvé pour moi, et je l'ai sodomisé doucement et le plus rapidement possible pour moi. Dur de se concentrer à jouir au plus vite, tout en faisant ça au ralenti. Pas cool pour moi, pas plus pour lui.

Je l'ai souvent revu dans ces premiers temps de cette nouvelle "autre et deuxième" vie.

On a eu tout le temps possible et imaginable pour nous. De trop même !

Mais ça c'est une autre histoire de première fois : mon premier amour... perdu !

J-Bat'

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