compassion

kerby

Chapitre 9: Compassion.


   Dans le village de Santorin en Grèce il y a vingt-cinq ans. Un homme marche dans les rues. Son allure est jeune. Avec pour seul bagage un sac jeté sur ses épaules. Ses cheveux châtains attachés en queue de cheval. Il parcourt le monde depuis quelques temps déjà, aidant les gens le plus possible. Toute sa vie a été vouée à venir au secours des hommes les plus miséricordieux. Lorsqu’il était au paradis, c’était son acte de foi. Depuis la disparition du Saint Père, Raphaël est à la recherche de ce lieu où il pourrait de nouveau être utile. Il y a tant à faire sur ce monde, tant de misère contre laquelle lutter. Mais au fond de lui il sait qu’il ne pourra l’endiguer. 


   Il aperçoit un petit troquet. Il entre et va s’installer au comptoir. Il y a beaucoup de monde à l’intérieur. Il faut dire aussi que la chaleur est écrasante. La serveuse ou plutôt la patronne s’approche.


   -Que désirez-vous monsieur?


   -Un café s’il vous plait.


Elle finit par lui apporter une tasse pleine de café noir. A coté elle pose le pot de lait et le sucrier. 


   -Vous voudriez peut être une de nos spécialités avec?


   -Avec plaisir.


Il lui sourit. La patronne s’en retourne à la cuisine. Et revient avec un plat recouvert d’une cloche de verre. A l’intérieur une part de galataboureko. Il prend ses couverts donnés avec et coupe la pâtisserie. La crème déborde de chaque coté. Voilà une chose que Raphaël apprécie sur Terre, la cuisine. Il aime à savourer ces petits plaisirs gastronomiques. Bien entendu sans excès car il n’oublie pas que la gourmandise est l’un des péché ordonné par le créateur. Fin gastronome il déguste cette tarte. 


   -Et bien vous avez l’air de vous régaler.


Raphaël tourne la tête vers la personne qui vient de lui adresser la parole. Un homme entre cinquante et soixante ans est assis une tasse de café à la main. Son visage est buriné par le temps, son teint hâlé prouve qu’il travail ou travaillait au grand air. Son air radieux semble illuminé de soleil. Malgré son âge il a encore une bonne musculature. Des mains calleuses. Un ancien ouvrier ou un homme travaillant la terre.


   -C’est la première fois que j’en mange. Je trouve cela très bon.

 
L’homme à un large sourire. 


   -Alors vous devriez aimer toutes nos autres spécialités. Je me présente Anathase.


Il lui tend la main. L’archange la lui serre.


   -Raphaël. Ravis de vous connaître.


   -Et qu’est-ce que vous venez faire dans la région?


   -Je visite ce monde. Ses merveilles, ses habitants, son évolution.


   -Vous me donnez l’impression que vous venez juste de débarquer sur Terre. Vous n’êtes pas un extra-terrestre quand même.


Anathase se met à rire, de sa bêtise et de cet air qui s’affiche sur le visage de l’homme. 


   -Mais je débarque pas à l’instant sur Terre, cela fait un moment que je suis ici.


Le vieil homme éclate de rire de plus belle. Pris par l’enthousiasme du moment, Raphaël rit avec lui. Ce son tonitruant cesse d’un seul coup de sortir de la gorge d’Anathase. Il crispe sa main sur sa chemise. Les rires cessent. Le vieil homme essaie de se lever. Il vacille, titube. Ses jambes semblent comme du coton. Il s’écroule. Un masque de douleur apparait sur son visage. Il fait un arrêt cardiaque. L’assistance est sous le choc. Personne ne réagit. Raphaël se précipite auprès du corps. Que doit-il faire?Il lui est interdit d’user de ses pouvoirs en présence de mortels. Il regarde vers la tenancière.


   -Vite appelez une ambulance.


La femme saisit son téléphone. Raphaël sait que les secours n’arriveront pas à temps. Cet homme n’en a plus pour longtemps. Il doit agir au plus vite. Il applique ses mains sur la poitrine et simule un massage cardiaque. S’assurant que personne ne peut voir il utilise son don pour guérir l’homme. Les mains s’illuminent légèrement. Une douce chaleur envahit le corps du vieil homme. La douleur cesse peu à peu. Lui seul voit ce qui se passe. Sentant que cela va mieux, Raphaël ôte ses mains. Il aide le vieil homme à se relever et à s’assoir sur le siège le plus près. Il le regarde. Anathase est sur le point de parler. L’ange lui fait signe de se taire de la tête. Discrètement il lui glisse à l’oreille:


   -Toutes explications vous sera dues en temps voulu, mais pour le moment ne dites rien s’il vous plait.


L’homme se ravise. Un seul mot sort de sa bouche.


   -Merci.


La serveuse apporte un verre d’eau que le vieil homme avale d’un trait. Il devrait se sentir faible et pourtant c’est comme si rien ne c’était passé. Les minutes passent et au loin les sirène se font entendre. Raphaël se lève et prend la direction de la sortie. La serveuse tente de l’arrêter mais il lui explique qu’il ne désire aucunement répondre aux questions des ambulanciers et préfère rester dans l’anonymat. Personne ne le retient. On ne refuse rien à une personne qui vient de sauver la vie de l’un des leurs. L’ange sort et s’éloigne. Il disparait au détour de la route au moment même où le véhicule de secours arrive. Les ambulanciers examinent le vieil homme. Anathase leur dit qu’il a été secouru par un touriste, un médecin. Ils décident de l’emmener à l’hôpital afin de lui faire faire des examens par mesure de sécurité. Ils montent tous dans l’ambulance qui repart toute sirène hurlante.


***


   La journée touche à sa fin. Le soleil se couche inondant de rouge le ciel aux volutes de coton. Anathase est assis sur un banc devant l’hôpital. Il attend son taxi. Les médecins n’ont rien trouvés. Rien d’alarmant. Bien au contraire il est en parfaite santé et cela surprend même qu’il est eu une attaque. Il repense à se qui est arrivé. A ce qui c’est passé. Il se sentait mourir et cet homme l’a guérit. Mais comment?


   Comme par un curieux hasard, cet homme apparait à cet instant. Raphaël s’approche du vieil homme. Il semble hésitant.


   -Puis-je prendre place à coté de vous?


Anathase le fixe. Tant de questions se bousculent dans sa tête.

 
   -Bien sur. 


Raphaël s’assoit. Il  reste silencieux un moment. Il sait que l’homme à besoin de savoir.


   -Je suppose que vous voulez m’interroger sur ce qui c’est passé?
Anathase le regarde. 


   -Oui.


   -Je ne vais rien vous cacher. Posez vos questions, n’hésitez pas.


Le vieil homme prend un peu de temps. Il cherche comment formuler ses demandes. Que croit-il au juste?


   -J’ai vu cette lumière, légère et imperceptible. Elle émanait de vos mains. Personne ne peut faire ça.


   -En effet.


   -Je pense que vous êtes une de ces personnes qui ont le don de guérir les gens par apposition des mains. Ces gens que l’on prend pour des guérisseurs, des chamans. J’en ai entendu parler. Je sais qu’il existe de nombreux charlatans dans ce domaine, mais vous…..


   -Ces hommes sont rares et existent bel et bien, mais ce ne sont pas des gens tel que vous pouvez les concevoir. Ils sont autres. 


   -Que voulez-vous dire?


Raphaël prend son temps, cherche les mots. Il contemple le ciel. Son regard allant au-delà des nuages. Son esprit se focalisant vers ce lieu majestueux où il vivait.


   -Nous ne sommes pas humains.


Anathase le regarde avec des yeux ronds.


   -Attendez…… Quand je disais que vous étiez un extra-terrestre je plaisantai ………
Raphaël se met à rire.


   -Non je ne viens pas de l’espace. Croyez moi il est inutile d’attendre quoi que ce soit venant de notre univers.


   -Mais alors qu’êtes-vous?


   -Mon nom devrait vous mettre sur la voie pourtant.


Anathase réfléchit. « Raphaël » . Et là c’est comme un déclic.


   -L’ange Raphaël? 


Non ce ne peut être ça. C’est complètement absurde. Si ce type prétend être un ange, c’est qu’il doit être totalement fou. Et pourtant avec ce qui c’est passé. Cela ressemble bien à un miracle.


   -En fait c’est archange. Les anges étant la catégorie en-dessous de nous.


Que doit-il faire? Comment réagir? Anathase hésite. Il voudrait se lever et fuir au plus loin. Mais il n’y arrive pas. En temps ordinaire il prendrait ce gars pour un cinglé, mais là quelque chose le pousse à le croire. Et pas seulement le fait qu’il ait guérit. 


   -Excusez moi si j’ai du mal à le croire. Un archange. Cela veut dire tant de choses. Alors Dieu existe. Le paradis aussi. J’ai tant de questions qui me viennent à l’esprit. 


   -J’imagine bien et c’est tout à fait normal. Le contraire serait même tout à fait curieux. Et comme je vous l’ai dit, je suis prêt à répondre à toutes vos questions. 


   -Je ne sais par où commencer. Il faut déjà que je digère ce que je viens d’apprendre. D’autres personnes sont au courant?


   -Non. Il nous est interdit de montrer nos pouvoirs, d’en user en public et de parler de tout ceci avec les humains. 


   -Mais alors pourquoi enfreindre vos règles avec moi?


   -Je ne sais pas. Je pense que j’en avais besoin depuis le temps que je suis sur Terre. Et au fond de moi je suis poussé à vous parler. Je pense de vous que vous êtes une personne de confiance.


   -Mais vous ne risquez rien à le faire? Dieu ne risque-t-il pas de vous punir?


   -Il y a peu de chance que cela arrive.


Anathase prend appuis sur le rebord du banc pour s’aider à se relever. Il fait quelques pas sous le regard de Raphaël. 


   -J’ai encore de nombreuses questions, mais pour le moment j’ai plutôt envie de rentrer chez moi. Je pense que l’hôpital a appelé ma femme et elle doit être inquiète. Elle n’a plus que moi et notre petite-fille.

  -Je comprend. Je me trouverai surement dans le coin si vous avez besoin.

Anathase se retourne et regarde l’archange.

 
   -Pourquoi faire tout ce chemin pour vous poser des questions. Venez donc avec moi. Accompagnez moi jusqu’à ma demeure.


Raphaël se lève et rejoint le vieil homme.


   -Avec plaisir.


***


   Les deux hommes finissent par arriver dans une demeure à proximité de champs. Ils traversent une oliveraie. Devant la maison une femme âgée. Ils s’en approchent. Le vieil homme lui donne un baiser. 


   -Chéri je me faisait du soucis, l’hôpital vient de m’appeler.


   -Ne t’inquiètes pas mon cœur tout va très bien grâce à cet homme. C’est lui qui m’a sauvé la vie. 


La vieille femme lui prend les mains.


   -Je vous en remercie. Vous avez sauvé mon Anathase.


   -Mais de rien.


Anathase le présente.

 
   -Alexiane voici Raphaël. Il cherche un endroit pour dormir, alors pour le remercier je l’ai invité.

 
   -Il n’y a pas de problème. C’est avec plaisir que je vous accueil.

 
Dans la cours une petite fille de six ans cours dans tout les sens.


   -Cette petite pile électrique là-bas est notre petite-fille Tessa.
Ils entrent dans la maison.


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