complainte de l'esclave
Ghyslaine Bobillier
Enveloppée dans mon suaire ébène
Seuls mes yeux ourlés d’un fin crêpe de deuil
Invitent la rencontre mais n’incitent que la haine
Emprisonnée dans ma geôle d’étoffe
Quel crime ai-je commis
Pour être ainsi bannie ?
Aimer un homme jusqu’à la déraison
Etre l’esclave insensée de ma religion
En quoi cela dérange les êtres bien pensants ?
Quand même vous dévoilerais-je mon visage
Prendrez-vous la peine de me connaître davantage ?
Vous voulez m’ôter mes chaînes, dîtes-vous
Ne voyez-vous pas que je les porte comme de précieux bijoux
Soyez tranquille, depuis mon enfance je me soumets aux lois
Celle de ma famille, mon mari ou celle de ma foi
Je ne violerai pas plus celle de mon pays
Et pour ne pas sombrer dans la schizophrénie
Refusant le parjure
Je resterai prisonnière de mes quatre murs
Transformant mon foyer
En un idyllique palais
La soumission terrestre consentie pour se dévoiler au paradis espérée.
· Il y a plus de 13 ans ·yl5