complainte de l'esclave

Ghyslaine Bobillier

Enveloppée dans mon suaire ébène

Seuls mes yeux ourlés d’un fin crêpe de deuil

Invitent la  rencontre mais n’incitent que  la haine

Emprisonnée dans ma geôle d’étoffe

Quel crime ai-je commis

Pour être ainsi bannie ?

Aimer un homme jusqu’à la déraison

Etre l’esclave insensée de ma  religion

En quoi cela dérange les êtres bien pensants ?

Quand même vous dévoilerais-je mon visage

Prendrez-vous la peine de me connaître davantage ?

Vous voulez m’ôter mes chaînes, dîtes-vous

Ne voyez-vous pas que je les porte comme de précieux bijoux

Soyez tranquille, depuis mon enfance je me soumets aux lois

Celle de ma famille, mon mari ou celle de ma foi

 Je ne violerai pas plus  celle de mon pays

Et pour ne pas sombrer dans la schizophrénie

Refusant le parjure

Je resterai prisonnière de mes quatre murs

Transformant mon foyer

En un idyllique palais  

Signaler ce texte