Complainte d'Outre-tombe

Antistrophé

Un autre ramassis d'élucubrations.


Complainte d'outre-tombe




Le temps disloque peu à peu avec la même force lancinante la salvation avenir à laquelle je pensais avoir droit.

Il germe, il croit, la racine infectieuse bouffe et dévore.

Et né de ce capharnaüm de larmes la couleur des feuilles d'automne. La pourriture de la douleur. Le tranchant de l'abandon.

L'arbre mort craque au son des cordes cassantes des violons creux. Ils vibrent, impulsent, soufflent, se taisent.

Le chant de la corneille à côté paraît bien vivant.


Des ramifications frêles arrachent la vieille mue et s'imprègnent de son encre, crachent, s'écrasent et tombent.


Explose. Ce délice de sensations mornes qui rient et sourient vers l'avant d'une scène désolée.

La vie, un fatras d'espoirs brisés s'amoncelant dans une décharge puante et cadavérique, remplie de rats bouffeurs de souvenirs.


Hante nous angoisse de la destinée, de ce fatalisme éronné hurlant de nos putrides voix pour la souveraineté de notre existence vouée à l'échec.

Vitreux et fragiles, des larves grinçantes, des âmes rampantes.


Je sens une tornade de vomi qui déferle en moi. Elle tord, elle lacère, massacre toute ma personne, la prive de pensées.

Des mots viennent par dizaines, par milliers, ils explosent et s'éclatent contre les parois de mon crâne et résonnent comme un battement de cœur raté.

Ça casse, ça casse, ça casse.

Casse.


Lentement comme une feuille d'automne sur laquelle on marche.

Le léger bruissement sec d'une idée morte. Elle fonce dans le train du désespoir et sourit au mur de briques brisé sur lequel elle se jette et s'éclate.

Des milliers de morceaux se répandent dans le sol et nourrissent les racines qui plus tard brûleront pour la céleste décomposition de l'humain.


De la fumée ! De la fumée ! De la fumée !

Regarde Maman ! C'est la fumée de nos cadavres !

Regarde Maman ! Tu m'as fait naître dans ce but et avec cette aliénation.

Regarde Maman ! Regarde ce que tu as fait !


J'éclate, je ris, j'espère en tombant dans la gouttière, je rejoins la terre et m'y endors dans un repos tracassé, des convulsions sur le visage, un léger rictus aux lèvres cependant. Je souris aux vers. Qu'ils viennent me dévorer, faîtes vite, vous êtes affamés !

Ne vous en faîtes pas, je suis déjà périmé depuis que je suis né.


 

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