Composition VIII

poulet

Participation au concours Image Imaginaire, troisième prix de la troisième catégorie 2012-2013. Je me suis inspiré du tableau de Vassily Kandinsky, "Composition VIII", pour écrire ce texte.

«  C´est comme un réveil doux. Comme une torpeur lente qui s´étiole, qui s´effiloche, qui disparaît. Simplement. C´est un éveil en douceur, un rêve qui se termine, une vie qui commence. Je ne vois rien. Du blanc, je crois. Et puis soudain, ça commence. Une caresse tranquille, sûre d´elle, commence à m´effleurer. C´est d´une douceur inqualifiable, qui me transforme et me recouvre. Et puis ça débute. Des sensations inconnues m´envahissent, et puis je commence à comprendre. Je sens la vitesse, le mouvement, je sens l´action qui s´empare de mon être. Je sens ma chair qui se crée, qui se forme, qui s´agite et qui se colore. Qui crie, qui se tait, c´est un ballet. Car soudain, je vois. Je vois des lignes, des formes, des courbes, des couleurs. J´entends des longs cris, des mélodies douces, des tristes mélopées qui me traversent et me coupent le souffle. Et puis soudain, le vide me traverse. Le silence se fait. Tout d´un coup. Fatalement. Comme si c´était prévu, comme si c´était, pareil à ces lignes, tracé depuis toujours, là. Quelque part. Alors, je me laisse faire. Je le laisse venir, je le laisse faire partie de moi. Il fait partie de moi. Et je l´accepte, et l´oublie. C´est comme ça, on s´habitue. Et puis les lignes continuent. Tournent, se ferment, s´étiolent et disparaissent. Et les couleurs reviennent, se mélangent, se confondent, se clarifient puis disparaissent. Et j´entends les sons qui me traversent, les silences qui les entrecoupent. Je vis. La caresse presque continue, soudain, s´arrête. Je cesse de ressentir un mélange bouillonnant d´émotions nouvelles. Je me sens apaisée. Je me sens bien, là, écoutant cette musique qui émane de ces formes, contemplant ces couleurs. Mes couleurs. Je ressens toujours ces choses sur lesquelles je ne saurais poser des mots, mais elles sont bien là. En moi. » 
Le peintre, ignorant les pensées de son art, acheva sa peinture. Il scella ainsi l´échange muet d´émotions et de vie qui le reliait à sa toile, auparavant blanche. Cette même toile, n´ayant conscience que d´elle même, que de ce qu´elle est et de ce qu´elle représente. Silencieuse à jamais.

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