Confession

khaoulatity

Elle s’était coupée les cheveux…

Je regardais cette photo pendant une éternité me sembla-t-il, et je ne saurai définir l’expression qu’affichait mon visage. Souriais-je ? Je ne peux le confirmer…

Elle s’était coupée les cheveux, moi qui ne l’ai connue qu’ayant les cheveux longs, au point que cela constituait un repère pour moi, un peu comme les gens qu’on n’a connu que vieux, et dont une photo de jeunesse paraîtrait presque irréelle. Je me perdis un court moment méditant sur la fragilité de ce que nous pouvons appeler repère. Combien en un instant ils pouvaient disparaître… Un accident, un billet d’avion, un coup de ciseaux…

Elle s’était coupée les cheveux, et me voilà, moi, la regardant elle, et découvrant ce fait, supposé banal, sur une photo récente trouvée par hasard. Moi, découvrant au même titre que le commun des mortels…

Il est bel et bien révolu le temps où la décision elle-même, n’aurait pas pu être prise sans mon sel dedans. Qui sait, en ces temps-là, j’aurais aussi assisté à l’évènement probablement. Oui, il est bien révolu…

Je le savais déjà…

Mais il existe des réalités que nous savons, mais qu’ironiquement, nous avons encore besoin d’une preuve indéniable qui nous fera croire. Un peu comme les chiffres de la balance qui concrétise nos soupçons concernant une prise de poids non désirée.

Je regardais sa photo encore, et ce joli sourire lui illuminant tout le visage, adoucissant un regard déjà infiniment doux. Lui il n’a pas changé. Quoique je voudrais en penser, mes yeux se refusaient à suivre mes pulsions, ils ne reflétaient que ce qui en était vraiment, un sourire beau comme tout, un sourire à tomber…

Je me demandai alors si elle aussi le faisait de temps en temps. Regarde-t-elle mes photos en cachette comme je le fais en ce moment même ? Me cherchait-elle des fois ? Même une fois ? Lui manquais-je ? Lui ai-je jamais manqué ?

Durant tout ce temps où je me posais toutes les questions douloureuses au sujet des choix et des conséquences, me torturant à propos de ce que j’aurais pu faire de travers, maudissant la vie qui est ainsi,… durant tout ce temps que faisait-elle ?

« M’as-tu oublié ? », je me surpris à dire tout haut.

Aujourd’hui encore, je suis incapable de mettre les mots exacts sur ce qui nous sépara. Ce que je sais en revanche, est que moi au moins j’essayai, et que je n’ai pas oublié. Moi aussi aujourd’hui je me coupe les cheveux, je voyage, je rencontre des gens, j’organise des dîners j’aime et je romps et j’aime à nouveau sans la convier à y prendre part. Mais à chaque fois, j’aime croire qu’au fond de moi, je lui garde au moins une pensée. « Qu’aurait-elle dit », « elle aurait aimé ceci», « elle aurait ri en entendant ceci », …

Mais toi, oh oui toi, combien de messages tu as laissé non-répondus ?…

A quand remonte la dernière fois où tu m’as demandé des nouvelles ?...

Combien sais-tu de moi aujourd’hui ?

Mais surtout pourquoi ?

Pourquoi tu m’oublies et pas moi ?

Pourquoi tu mènes visiblement bien ta vie alors, sans mettre en doute la qualité de la mienne, je ne peux me délier de ce qui me reste de toi ?

Et de toi il m’en reste…Oh qu’il m’en reste…

Qu’importe ce que je voudrais prétendre d’indifférence et de « bonne figure », moi aimer toi ne se conjugue toujours pas totalement au passé…

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