Confinements intimes #11
Cyrille Royer
12 novembre.
Quand je ne vais pas aux courses, je vais promener le chien. Il faut toujours trouver un prétexte pour sortir, et pour ça, le chien est le meilleur ami de l'homme.
Je promenais beaucoup plus le chien lors du premier confinement. Peut-être que j'allais moins aux courses, ou alors j'avais plus besoin de sortir.
J'y allais avec ma casquette, mais j'ai arrêté. Un jour, une bourrasque a emporté ma casquette qui est tombée dans la rivière. J'ai regardé ma casquette entraînée par le courant, espérant jusqu'au bout qu'elle finisse par s'échouer sur la berge. Mais inexorablement, la casquette s'alourdissait, je la distinguais à peine, et bientôt je ne l'ai plus vue du tout, happée par le fond.
J'ai pleuré ma casquette toutes les larmes de mon corps. Parfois, je pense encore à elle. Est-ce qu'elle est toujours au fond de l'eau ? Est-ce qu'un poisson-chat la coiffe le dimanche pour sortir avec les copains ?
Maintenant, je promène le chien sans casquette, mais avec un masque. C'est tellement bon de respirer l'air frais à travers un masque en tissu !
Les gens que je croise ont aussi un masque, chez nous, c'est obligé. Je trouve tous les gens beaux, comme quoi, les yeux ne sont pas la partie la plus moche de notre visage.
À part les barbus, évidemment. Désolé, mais un masque sur une barbe, c'est comme enfiler un string sans s'épiler : c'est une faute de goût. Et puis même, d'un point de vue sanitaire, une fois que tous les poils de barbe ont transpercé le masque, que peut-on dire de l'efficacité du dit masque ?
Si j'étais ministre de l'intérieur, je ferais de ce problème une priorité. Halte aux barbus masqués !