Confinements intimes #28

Cyrille Royer

29 novembre.

Cette nuit, j'ai pleuré. Ma chérie, qui dormait à côté de moi, n'a rien vu. De préparer le calendrier de l'année prochaine, en sélectionnant les photos de mes parents, de mon frère et de mes sœurs, pleurer ça me fait. Je veux revivre des moments avec eux. On a le droit de pleurer quand on a 48 ans ?

Allez, on parle d'autre chose. Ce matin, j'ai couru avec mes copines. On s'est retrouvé comme par hasard, on avait envie de courir au même moment et au même endroit. Fortuitement. Elles ont l'habitude de courir, et moi, je commence à être ralenti par le poids de mes cheveux. J'ai pris rendez-vous chez le coiffeur, j'y vais dans quinze jours.

Les cloches sonnent toujours. Ça me tracasse, quand même, ce truc. Les cathos font la gueule parce qu'ils ont pas le droit d'être à plus de 30 à se choper un rhume entre de vieux murs en pierres. Nous, on n'a pas le droit d'aller au boulot, on bosse 8 heures par jour à la maison. Eux, ils ont le Jour du Seigneur sur la télévision publique, de quoi ils se plaignent ?

D'accord, vous allez dire, j'ai pas le sens des priorités, tout ça, tout ça... Un esprit de sédition, même, pour les plus virulents d'entre vous. OK. Priez pour moi, je retourne pleurer dans mon lit.

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