Confinements intimes #29
Cyrille Royer
30 novembre.
Le lundi, on entre doucement dans la torpeur. Ma chérie ne travaille pas, je suis dans une demi solitude. Je n'ai pas besoin de parler aux fantômes, il y a une vraie présence dans la maison.
Elle ne veut pas me déranger, mais en vrai, si elle me dérange, ça me dérange pas.
C'est quand même bizarre, l'attitude qu'on peut avoir au travail ici. J'imagine pas, au bureau, souffler comme un bœuf, ou rester cinq minutes à la fenêtre à regarder rien d'autre que les nuages qui passent. Cinq minutes, c'est long. Si ça se trouve, j'ai la bouche ouverte. J'essuie le filet de bave qui me coule sur le menton et je retourne à l'ordi.
Ou encore gueuler à chaque mail reçu « Mais qu'est-ce qu'il me veut encore, ce gros connard ! ». Je dis pas ça parce que tous les gens qui envoient des mails sont des connards, c'est juste que ça fait du bien. En même temps, je suis content de leur répondre, à ces connards, ça occupe. Et puis, je peux imaginer leur réaction quand ils recevront mon mail.
On est toujours le connard de quelqu'un d'autre.